Il aura fallu un certain temps pour que germe le projet Sans frontières fixes. Élaboré à un partir du recueil de poèmes de Jean-Pierre Siméon, destiné au jeune public, la pièce composée par le marseillais Lionel Ginoux visait elle aussi cette « clarté précieuse, sans fard »qui a tant touché Mikhael Piccone. Dès les débuts de son association, à forte ambition humanitaire, monter ce cycle de mélodies demeure une de ses préoccupations principales. Motivation qui se heurte à des restrictions repoussant le projet. Celui-ci « demeure, malheureusement plus que jamais, d’une terrible actualité. La thématique de l’exil est au cœur des préoccupations du Calms, que nous avions fondé suite aux effondrements de la rue d’Aubagne. Lorsque nous nous y sommes intéressés de plus près, contacter SOS Méditerranée semblait aller de soi : cette association marseillaise, qui sauve tant de vies, était à mon sens indispensable pour créer un spectacle autour de ce cycle de mélodies. Ce spectacle pouvait, grâce à cette association, parler de façon juste et documentée non seulement des personnes qui traversent la Méditerranée, mais aussi de celles qui vont à leur secours et les recueillent. »
Poésie, musique et danse
Les récits récoltés à bord de ces bateaux ont nourri la dramaturgie de ce spectacle, pensé par le baryton. S’alterneront sur scène les textes recueillis, interprétés par le comédien Corentin Cuvelier, et les poésies mises en musique par Lionel Ginoux et chantées par Mikhael Piccone. Ce dialogue entre les arts s’enrichira par ailleurs des chorégraphies conçues par David Llari sur les musiques composées par Lionel Ginoux pour la pianiste Marion Liotard et la violoncelliste Marine Rodallec.« C’est un spectacle hybride entre chant, danse, musique instrumentale… Mais aussi du point de vue de la parole, qui sera à la fois littéraire, poétique, mais aussi portée par la force brute du témoignage. La danse est souvent là pour prendre le relais quand le récit devient trop dur. »Les danseurs sollicités sont « tous, de près ou de loin, concernés par cette histoire douloureuse de migration contrainte. Thomas Barbarisi, Mélanie Ramirez, Samy Mendy… et surtout Doumbouya Talaouri, que nous avons rencontré via la Cimade. Il était important, pour nous, de leur donner la parole. »
SUZANNE CANESSA
Sans frontières fixes 26 mai Théâtre Toursky, Marseille