Maura Guerrera, Malik Ziad et Manu Théron présentaient leur projet Spartenza, à l’occasion de la nouvelle édition d’Au bout la mer
Il y a beaucoup de monde en ce dimanche après-midi dans les beaux jardins du Musée d’histoire de Marseille. Au pied du Mur de Crinas, une scène a été aménagée. La chanteuse sicilienne Maura Guerrera au chant et au tambourin sicilien, Malik Ziad à la mandole orientale et au guembri (luth rectangulaire), et Manu Théron – le bouillonnant directeur de la Cité de la musique et directeur artistique du programme – au tambour et aux chœurs, sont venus partager le projet Spartenza, un mot sicilien qui signifie départ, séparation, éloignement.
Un dialogue entre deux rives
Le projet renoue avec les traditions vocales de l’île et vient se métisser avec les sonorités et les rythmes du Maghreb, faisant le lien entre les cultures perdues respectives, celle de Sicile et celle d’Algérie où le chant est intrinsèquement lié à la vie populaire. Sur scène, les trois amis déploient une énergie extraordinaire et communicative.
Maura, d’une présence scénique et d’une grâce exceptionnelle, diva et parfois même prêtresse chamanique poussant son tambour jusqu’à la transe, nous emmène dans ses terres, jusque dans les petits villages de son île où elle a puisé des airs traditionnels.
Voyage en traditions
On y suit un commerçant ambulant qui passe sous les fenêtres pour réparer des casseroles et qui chante, l’histoire d’un cheval auquel son maître exhorte à ne pas se décourager et à toujours résister, allégorie de la vie. Et puis un chant émouvant de 1900 que se chantaient les migrants italiens exilés à New York, qui parlent de la patrie perdue et de l’envie d’y retourner, une chanson d’amour d’un charretier pour une jeune femme qu’il envisage d’enlever si ses parents refusent le mariage et pour conclure une berceuse introduite par un solo enlevé de Malik. Un bel hommage vibrant à toutes ces voix populaires qui ont chanté l’exil, l’amour et la résistance, au cœur de tous les Marseillais.
ANNE-MARIE THOMAZEAU