Dès l’entrée, on est accueilli par une multitude de corps en maillot, une scène de bain de mer monumentale de trois mètres de haut par six de large. La plupart sont des enfants, aux bouées transparentes et fluos, une composition bariolée, surpeuplée, métissée et ludique, de Anke Doberauer. Bien plus petits, d’autres corps semblent flotter, qu’ils soient sur le sable ou dans l’eau. Dans les photographies de Wilbe, dans les peintures à l’huile aux fonds blancs éclatants de Benjamin Chasselon, ou dans le bleu transparent de la calanque de Sormiou, de Julien Boullay. Sous des lumières grises, les plages de Jean-Jacques Surian accueillent dans Naissance de Vénus et Ces gens sur mon plongeoir des corps féminins nus, s’assumant avec impudeur, liberté et érotisme. Chez Yann Letestu, sur fond de cartes marines, des corps sont à l’arrêt sur la Corniche : trois jeunes gens semblant mesurer, assis sur un rebord, le vertige du saut ; un passant, près d’un passage piéton, se détourne, absorbé par l’horizon. Tandis qu’au vallon des Auffes (Jean-Benoît Zimmermann) ou sur la plage de la Fausse Monnaie (Wilbe), les corps en villégiature s’inscrivent dans des espaces rêveurs.
Paysages solitaires
Le calcaire des calanques, les masses rocheuses des îles marseillaises inspirent également les peintres et photographes présents. Tout comme des bords de mer déserts ou les horizons où eau et ciel se rejoignent. Parmi les paysages, les acryliques de Marie-Laure Sasso-Ladouce, avec sa Maïre bleue ou sa Route des Goudes, paysages lunaires, épurés, aux contrastes brutaux, aux coups de pinceaux apparents, semblant brosser le ciel, modeler les rochers. Dans Riou, montagne urbaine d’Olivier Monge, l’immensité du paysage se révèle doucement et précisément, sur une mer lisse et métallique. L’écrin de la calanque de Figuerolles est photographié délicatement par Bernard Plossu, à dix ans de distance. Alfons Alt, dans des tons bleus et sépia, et dans une sorte d’agitation de vapeur et d’écume, tente de saisir une vague, ou un Château d’If, tempétueux. Dans Horizon 40, Carry de Marc Chostakoff, la mer est le bout d’une falaise, donnant sur le vide, et se fissurant. Finalement, une exposition très marseillaise, qui se termine sur une note de dénonciation écologiste : trois sculptures de Nicolas Rubinstein, représentant deux poissons mi-animal, mi-boîte de conserve, et un troisième mort, submergé de sacs de plastiques bleus.
MARC VOIRY
Vues sur mer
Regards de Provence, Marseille
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