Il y a 20 ans, le premier festival De vives voix inondait de sonorités voyageuses le théâtre de verdure de la Sucrière dans le 15e arrondissement. Depuis 20 ans, des artistes de nombreuses régions du monde sont venus participer à ce rendez-vous festif et chaleureux apportant avec eux des sons et des mélodies inconnues. La voix est le fil conducteur de toutes ces rencontres ; la voix qui exprime et tisse le lien entre les êtres. Cette année est l’occasion pour Odile Lecour et Maxime Wagner, les deux artisans de cette épopée de retrouver ces artistes amis.
Tunisie, Espagne, Rajasthan…
En cette rentrée, le festival propose trois concerts. Le 17 octobre c’est le duo de folk tunisien Yuma qui va faire résonner la Cité de la Musique avec des mashups originaux de chansons orientales et occidentales. Révélé fin 2015 Sabrine Jenhani et Ramy Zoghlami s’affirment aujourd’hui comme des leaders de la musique alternative tunisienne. Ils proposent un folk minimaliste dont les textes en tunisien dialectal abordent de manière métaphorique et progressiste des thèmes sociaux au cœur des préoccupations des nouvelles générations comme la condition féminine. Malgré la barrière de la langue, le charme opère grâce à des mélodies lyriques et un phrasé poignant. Le lendemain, et toujours à la Cité de la Musique, rendez-vous avec le flamenco de Luis de la Carrasca. Avec son spectacle Baró Drom, il poursuit son exploration sonore un pied dans la tradition et l’autre dans la modernité. Au chant et aux rythmes des deux guitares flamencos s’intègrent le souffle classique du piano, une impulsion jazz avec la contrebasse, un rythme de liberté avec les percussions, une énergie avec les chœurs, les palmas et la danse.
Enfin le 19 octobre changement total d’ambiance avec Parveen et Ilyas Khan. Ces deux artistes franco-indiens, enfants du percussionniste Hameed Khan Kawa, perpétuent une tradition musicale rajasthanie vieille de sept générations. Parveen Sabrina Khan, voix éminente de la nouvelle scène, interprète des râgas, cadre mélodique utilisé dans la musique classique indienne, mais aussi des maands, chants traditionnels folkloriques en voie de disparition, issus du Rajasthan. De sa voix profonde, elle exprime avec virtuosité la poésie de cette musique sophistiquée, où le texte lyrique laisse une large place à l’improvisation tant sur l’aspect mélodique que rythmique. Ilyas Raphaël Khan soutient ces improvisations par le tablaboxing, une fusion de beatbox et rythmes classiques indiens.
ANNE-MARIE THOMAZEAU
De Vives Voix
Du 17 au 19 octobre
Cité de la Musique, Marseille