Baptisé « Empreintes africaines », le cycle se veut représentatif de la diversité et richesse du travail de femmes artistes, activistes, défenseuses de traditions africaines à l’international.Dans une démarche écoféministe, cette 1re édition de JIFA Marseille, organisée en majoritépar des femmes afrodescendantes, célèbre les cultures des diasporas africaines à Marseille, à travers une série de rendez-vous au large spectre social et artistique.
À la projection du documentaire Germaine Acogny : l’essence de la danse [lire ci-dessous] le 21 juillet, succède un brunch littéraire le 27 à l’Oasis de Noailles. Les discussions tournerontautour de l’ouvrage collectif Terres et liberté : Manifeste antiraciste pour une écologie de la libération (2025) en présence de Nadia Yala Kisukidi, sa co-autrice. À 20 h au Videodrome 2 sera projeté Nha Fala, de Flora Gomes.
Logiquement, le principal temps fort se tiendra le 31 juillet, aux Grandes Tables de la Friche la Belle de Mai, de 18 h à 23 h. Après une inauguration en forme de rituel africain, auront lieu tour à tour : une table ronde d’artistes et entrepreneuses africaines autour de l’héritage des pionnières de la lutte pour l’émancipation des femmes africaines ; un défilé de mode upcyclée et durable par le Collectif Mac NB et Djivani Créations ; un concert multiculturel de Thileli Ahfir, Zeina Ndong et Sandra Richard, et un DJ set final par le collectif queer et racisé Heat.
Le 1er août, on va pouvoir partager son repas en communauté devant un second concert gratuit de la Sénégalaise Zeina Ndong, au centre socio-culturel Del Rio à 20 h. Le lendemain, la plasticienne capverdienne Daja do Rosario propose un atelier de tressage créatif collectif sur la Placette de la Friche, de 15h à 18h. En clôture le 3 août, une masterclass de danse traditionnelle guinéenne par la « griotte des Temps Modernes » Aissata Kouyate.
GABRIELLE SAUVIAT
Une femme d’exception
En prélude au JIFA le cinéma la Baleine accueillait le 21 juillet la projection, suivie d’un débat, de Germaine Acogny, l’essence de la danse un magnifique documentaire de Greta-Marie Becker sorti le 16 juillet, sur trop peu d’écrans en France.
Le film est magnifique, alliant avec douceur et profondeur les images d’archives, de danse, de sable, de vagues et de baobabs, et faisant entrer doucement, discrètement, dans l’intimité de cette femme d’exception, que tous ceux qu’elle a croisés admirent. Et ils sont nombreux tant elle est généreuse.
Car elle a révolutionné la danse en Afrique, la perception du corps noir en Europe, portant avec ferveur et douceur, bien avant l’heure, la question décoloniale. Ses relations avec Senghor, avec Béjart, avec l’Académie des Beaux Arts ou la Biennale de Venise sont autant de marques d’une reconnaissance publique qui l’a accompagnée tout au long de ses 80 ans, mais semble importer moins, pour elle, que la transmission de longue haleine, précise, à son Ecole des Sables de Dakar. Dont témoignent ses chorégraphies inoubliables, Fagaala sur le génocide des Tutsis, Mon élue noire conçu avec Olivier Dubois, Le Sacre du printemps repris de Pina Bausch.
La Baleine a refusé du monde pour cette unique projection de la semaine. Une autre, une seule, a lieu le 26 juillet à 15 h. Désinvisibiliser les femmes africaines passe aussi par la conquête des écrans…
AGNÈS FRESCHEL
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