Le mot d’ordre était « collectif ». Un public et des artistes ensemble pour partager un moment de musique mais aussi de réflexion et d’affirmation de valeurs communes. Les Nana Benz du Togo chantent pour lutter en faveur de l’émancipation des femmes et pour leurs droits. Tinariwen, eux, chantent pour lutter contre la violence à laquelle ils sont confrontés dans leur désert natal, entre le sud de l’Algérie et le nord du Mali.
La soirée commence avec les Nana Benz du Togo. Leur nom fait référence à la voiture allemande, mais aussi et surtout au nom que l’on donne aux femmes ayant fait fortune dans le commerce du wax au Togo. Un clin d’œil à cet enjeu crucial que représente l’émancipation féminine au Togo et en Afrique. La scène est minimaliste, le résultat sonne gros : une batterie de poche composée entre autres de bouteilles en plastique et une basse jouée avec des tongs sur des tubes en PVC assurent la section rythmique. Trois chanteuses harmonisent et l’une joue d’un petit clavier, utilisé pour instiller des mélodies dans les oreilles du public. Les grooves sont toujours cohérents et efficaces pour faire bouger le théâtre antique, mais aussi pour appuyer l’engagement des Nana Benz.
« Liberté pour les femmes ! ». Comme un hymne, cette phrase retentit dans l’amphithéâtre alors que la scène se teinte de violet, couleur associée aux mouvements féministes à travers le monde, pour l’interprétation de la chanson J’ai compris, où l’on peut entendre « Quand je dis non c’est non. ». Un set engagé et captivant donc, aux tons oscillants entre le gospel et la transe.
À l’unisson
C’est aussi de transe dont il est question pour les Touaregs de Tinariwen. Leur arrivée met tout de suite dans l’ambiance : entièrement drapés dans leur takakat et leur chèche, le groupe en impose. À l’image de leur musique, les musiciens sont calmes et l’on ressent l’envie de transmettre et de partager un moment intime avec le public. La musique devient vite aérienne et planante, tout en étant précise et efficace. La rythmique basse – percussions donne la pulsation comme un battement de cœur commun à toute l’assemblée, là où les guitares viennent habiller cette ambiance. Les six voix à l’unisson achèvent le cocktail du lâcher-prise et du laisser-aller pour un théâtre antique plein et en symbiose avec les « hommes bleus ».
« Heureusement qu’il reste des concerts pour unir les gens », pouvait-on entendre dans la fosse. Tout le monde en veut encore et n’hésite pas à demander en français ou en arabe, voire les deux. Le rappel n’arrivera pas, mais les émotions, elles, vont bien rester.
Mathieu Freche
Les Suds, à Arles se poursuivent jusqu’au 16 juillet.
suds-arles.com
Les Nana Benz du Togo sont de passage le 21 juillet à La Grange (34)
bouilloncube.fr