vendredi 26 avril 2024
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« Les paradis de Diane », on ne nait pas mère

Présenté dans la section Panorama de la 74e Berlinale, le film de Carmen Jaquier et Jan Gassman est intelligemment dérangeant

Une scène d’amour. Une naissance. Tout le monde est heureux : les grands parents, Martin, ce père qui a juste oublié d’apporter le chocolat promis à la jeune accouchée. Quand Martin quitte le soir la maternité, Diane, visage fatigué et regard éteint, regarde ce bébé qui n’a pas encore de prénom et qui pleure. Elle lui chante une comptine sans le prendre dans ses bras puis s’enfuit dans la nuit. C’est ainsi que commence le film de Carmen Jaquier et Jan Gassmann, Les Paradis de Diane, présenté dans la section Panorama de la 74e Berlinale. Un film inconfortable qui d’abord peut déranger, puis faire réfléchir, peut être même réconforter  certain·e·s.

Couper le cordon

Diane quitte Zurich, s’embarquant dans un bus jusqu’à son terminus : une station balnéaire espagnole, Benidorm. Elle se débarrasse de son téléphone portable saturé d’appels de Martin, coupant ainsi le cordon une nouvelle fois. À la fois perdue et soulagée. Vivre dans le présent : trouver un endroit pour dormir, gérer son corps et ses seins gorgés de lait. La caméra portée du directeur de la photo Thomas Szczepanski ne la quitte pas, donnant à voir son visage tourmenté dans les lumières de la ville, la nuit, son vague à l’âme, son corps qui semble flotter. Sa rencontre avec Rosa (Aurore Clément) qui a chuté dans une rue et qu’elle ramène chez elle, va tout changer. « Les gens quand on les ouvre, il y a des paysages à l’intérieur » lui chuchote Rosa – sans doute aime t-elle Agnès Varda ! Rosa lui apprend à vivre le présent. Elle l’aide à savoir ce qu’elle veut, qui elle est vraiment. Car qui est-elle ? Entre errances dans la ville, conversations avec Rosa, rencontres avec des hommes qui la désirent avec son corps marqué encore par les traces de sa maternité. « Suis-je un monstre ? » demande-t-elle à un amant de passage. Et quand à sa question « si t’étais un paysage, tu serais quoi ? » Martin  venu la rechercher au commissariat répond « un paysage de mon enfance ». Elle pense à ce lui avait dit Rose avant de disparaitre « toi, tu es une île, une île sauvage. »

Dorothée de Koon incarne remarquablement cette île sauvage, cette femme en pleine errance, accompagnée par la musique de Marcel Vaid. « Le titre fait écho au film Les Rendez-vous d’Anna de Chantal Akerman qui est une référence pour nous. Il a été très important pour l’écriture de notre film et même après. Les Paradis de Diane est le portrait d’une femme, pas celui des femmes » précisent les cinéastes. Celui d’une femme qui ne devient pas mère. On ne nait pas mère : on le devient ou pas.

ANNIE GAVA
À Berlin

En salles prochainement

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