jeudi 6 février 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img

L’espoir du chaos

Présenté dans la cour d’honneur du Palais des papes, Le Moine noir de Kirill Serebrennikov ouvrait la 76e édition du Festival d’Avignon

« Stop the war ». Le slogan projeté sur le mur monumental de la cour d’honneur du Palais des papes à l’issue des deux heures quarante de représentation a l’avantage de mettre tout le monde d’accord. Ouverture nocturne de la 76e édition du Festival d’Avignon, l’adaptation du Moine noir, par le réalisateur et metteur en scène russe Kirill Serebrennikov habite magistralement son lieu le plus emblématique, balayé, en cette soirée de première, par les bourrasques d’un mistral que l’on croirait complice. Des conditions météorologiques qui, si elles ont contraint la pièce à quelques ajustements scénographiques, ont indéniablement accentué la puissance dramatique et mystique d’une pièce sombre et éprouvante, construite en quatre variations. De cette nouvelle fantastique – et méconnue en France – d’Anton Tchekhov, Serebrennikov, l’artiste banni, persécuté et contraint à l’exil, tire une œuvre polyphonique entraînant le spectateur dans la spirale de la folie humaine. Écrivain en quête de repos, Andreï Kovrine part en villégiature dans la propriété du jardinier qui l’a élevé et dont il épousera la fille. Le décor constitué de trois serres vouées à la destruction et dont les bâches floutent certaines actions, les interventions chorales des ouvriers, les lumières en clair-obscur, les apparitions oppressantes de mystérieux moines noirs, les gros plans vidéos et surtout la répétition des scènes comme autant de points de vue et par des interprètes différents (trois de nationalité et de langue différentes pour le rôle principal : l’Allemand Mirco Kreibich, l’Américain Odin Biron et le Russe Filipp Avdeev, tous remarquables) rendent palpable le naufrage mental, irréfrénable la plongée dans la démence. Comme si l’idéal de liberté revendiqué par Kovrine ne pouvait trouver d’issue autre que dans le chaos intérieur.

LUDOVIC TOMAS

Le Moine noir a été joué du 7 au 15 juillet, dans la cour d’honneur du Palais des papes, dans le cadre du Festival d’Avignon.

ARTICLES PROCHES

C’était un samedi

Le 25 mars 1944, est un samedi, un jour de Shabbat et aussi la fête nationale grecque. C’était un samedi, mis en scène par...

Révolte 

Face au danger que faut-il faire ? Abdiquer ou affronter ses peurs ? Johanne Humblet et ses acolytes du collectif féminin Les Filles du renard pâle ont...