L’écoféministe Vandana Shiva fait déborder l’auditorium du Mucem, avec une marée de jeunes femmes
Pour lancer en fanfare la troisième saison de ses Procès du siècle, le Mucem a reçu le 16 novembre une figure de l’altermondialisme, Vandana Shiva. Invitée par Opera Mundi, dans le cadre de son cycle de conférences 2023-2024, sur le thème « De l’eau. De la terre aux océans », la scientifique et philosophe est venue parler d’écoféminisme à un public très nombreux. À tel point que la file d’attente s’étendait jusqu’à la grotte Cosquer, et qu’une partie n’a pu pénétrer dans l’auditorium Germaine Tillon. Sans surprise, une grande majorité de femmes, souvent très jeunes, avaient fait le déplacement, témoignant de l’enthousiasme croissant pour ce courant de réflexion.
Luttes féminines
L’écoféminisme, selon cette physicienne et philosophe, c’est d’ailleurs bien plus qu’un exercice intellectuel : infatigable militante, elle en a fait son combat depuis des décennies, face à l’industrie agroalimentaire néolibérale. Au Mucem, elle est revenue sur certaines de ses luttes victorieuses : le mouvement emblématique Chipko, dans les années 1970 en Inde, mobilisation féminine majeure contre l’exploitation des forêts himalayennes, qui dura dix ans ; l’empêchement, avec les activistes de l’eau, de la privatisation du Gange par Suez en 2002 ; ou encore, en 2004, la fermeture d’une usine Coca Cola qui vidait les nappes phréatiques dans le Kerala. À chaque fois, c’est la solidarité et l’endurance des populations qui ont prévalu contre les multinationales et les politiques publiques irresponsables.
À bas l’extractivisme patriarcal
« L’extraction, c’est le vol », martèle Vandana Shiva, convaincue que capitalisme et patriarcat sont étroitement liés. « Quand les femmes réfléchissent à l’agriculture, elle pensent aux oiseaux, aux lombrics, dans un système circulaire, et pas seulement aux marchés ». Celle qui a vu dans sa jeunesse une montagne s’effondrer, suite à la destruction d’une forêt entière, met inlassablement en lumière les infinies interactions qui permettent à la vie de prospérer dans des écosystèmes en bonne santé. Après ses Mémoires terrestres, tout juste parus aux éditions Wildproject/Rue de l’Échiquier, elle planche sur son prochain livre, qui portera sur la photosynthèse. « Aucune technologie ne peut rivaliser avec cela : une transformation opéré par une plante vous donne à la fois de l’eau et de l’air à respirer ! »
Conférence donnée le 16 novembre au Mucem, Marseille