samedi 22 juin 2024
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L’unité ou la mort

Il nous est possible de sortir de l’effroi. 

Le double choc du 9 juin, avec un score historique de l’extrême droite, et l’irresponsabilité sidérante d’un chef de l’État imposant des élections au pas de course, oblige les forces de gauche, politiques et syndicales, à faire Front populaire. Enfin. Ce qui entrouvre la porte de l’espoir : si la droite semble s’être dissoute dans l’extrême droite, la Gauche divisée affiche, élections après élections, un tiers stable des électeurs qui, désorientés, naviguent d’un parti à l’autre. Elle peut aujourd’hui se reconstituer en force politique de gouvernement, seule alternative crédible à l’extrême droite, puisque même les macronistes quittent le navire d’un chef sourd, aveugle et incontrôlable.

Léon Blum ou Édouard Glissant ? 

On peut chercher le modèle de ce nouveau Front populaire dans l’histoire de 1934, où il se constitua par la force de la rue et des militants contre les chefs des partis communiste, socialiste et radical. Où la grève générale poussa le premier gouvernement Blum à une véritable révolution sociale, congé payés, réduction du temps de travail et premières femmes, sans droit de vote, au gouvernement. Le spectacle participatif Léon Blum joué au Liberté, au Bois de L’Aune et à La Criée la saison prochaine le rappelle avec cette opportunité étonnante du théâtre.

Mais on peut aussi chercher ce modèle dans la parole de Patrick Chamoiseau. En commentant la pensée d’Édouard Glissant, il déclare que « naitre en créolité est la condition composite de tous les Marseillais·e·s », iels qui ont inventé une union des gauches inédite avec le Printemps marseillais. 

Unité, complexité, cultures

L’unité, ce n’est pas l’uniformisation. Pour comprendre le monde il faut être capable de pensée complexe, de prise en compte des cultures diverses, de l’entremêlement d’histoires dont chaque individu est constitué. C’est à partir de la conscience de cet entremêlement que les forces de gauche, comme les individus, peuvent construire une alternative aux identitarismes, qui génèrent massacres et génocides. 

Tiago Rodrigues et Boris Charmatz ont dénoncé l’absence totale de programme culturel des candidats européens. Leur tribune devra être entendue par les défenseurs d’un nouveau Front Populaire. Ce n’est pas en rabotant et simplifiant la pensée que l’on peut combattre l’identitarisme qui mine nos démocraties, mais en acceptant et en expliquant la complexité du monde. Et en cette heure grave les forces politiques ont besoin, plus que jamais, des artistes et des penseurs pour guider leur combat, devenu absolument vital. 

Ouvrons donc, malgré nos peurs, au cœur de nos combats, la diversité de nos festivals.

AGNES FRESCHEL

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