Le Marseille Stand-Up Festival s’ouvre le 4 décembre à l’Odéon avec Jason Brokerss, figure reconnue de la scène, et auteur pour de nombreux humoristes. Après 463 dates de son premier spectacle, il revient avec un nouveau show très personnel. Rencontre avec un artiste qui revendique la simplicité du quotidien comme matière première et place la paternité au cœur de ses choix.
Zébuline. Vous avez commencé par des études de commerce et un travail « classique ». Comment glisse-t-on vers le stand-up ?
Jason Brockerss. Très naturellement. J’étais avec celle qui est aujourd’hui mon épouse – et déjà ma meilleure amie – et on est allés voir un plateau dans un comedy club. Elle m’a dit : « Tu devrais essayer ». Treize ans plus tard, j’essaye encore. Je ne me destinais pas du tout à ça, mais c’est venu comme une évidence.
Votre nom de scène, Jason Brokerss, d’où vient-il ?
De nulle part ! C’était juste mon nom sur Facebook, avant même que je pense à faire ce métier. Les gens ont commencé à m’appeler « Jason », et je me suis dit : pourquoi pas ? Il n’y avait aucune stratégie derrière.
Vous êtes père de quatre enfants. On pose toujours cette question aux femmes et jamais aux hommes… Mais comment concilie-t-on cette vie de famille (très) nombreuses et une carrière sur scène ?
[Rires] Ça nourrit énormément … et ça bloque aussi parfois, parce qu’on a moins de temps pour développer ce qu’on voudrait faire. Mais entre être un mauvais père et avoir une mauvaise carrière, j’ai choisi. Ma famille passe avant tout. Et c’est une source inépuisable d’inspiration : mon quotidien est très centré sur eux, donc forcément, ça infuse.
Vous venez de lancer un podcast sobrement intitulé Podcast avec l’Épouse. Pourquoi ce format ?
Parce que c’était naturel. On passe beaucoup de temps à parler, vraiment beaucoup. C’est ma meilleure amie depuis seize ans. On appuie sur le bouton rouge et on discute. Pas de concept compliqué : juste des conversations sincères, parfois légères, parfois profondes.
Qu’est-ce qui nourrit votre écriture ?
Toujours une émotion. Ça peut venir de quelque chose qui me fait rire, peur, honte, plaisir… J’essaie d’écrire à partir d’un ressenti. Même une petite gêne peut devenir un point de départ. Ce n’est jamais intellectuel au début : c’est viscéral.
Quel est votre rapport à l’humour engagé ?
Je ne me mets dans aucune case. Si j’ai envie de parler de politique, j’en parle. Si je n’ai pas envie, je n’en parle pas. Ce spectacle-là est très centré sur la famille, le prochain ne le sera peut-être pas du tout. Je fais ce dont j’ai envie à l’instant T. Et puis, parler de famille, de transmission, de responsabilités… c’est déjà dire quelque chose.
Vous avez écrit pour plusieurs humoristes. Comment travaille-t-on pour quelqu’un d’autre ?
En passant du temps ensemble. Tout part de l’artiste : ses envies, ce qu’il veut raconter. On discute énormément, j’observe comment la personne respire sur scène, comment elle place une idée, un silence. Ensuite, on affine phrase par phrase.
Quelles ont été vos influences en humour ?
Fary, clairement. Pas comme « maître » ou « modèle », mais comme quelqu’un qui m’a transmis une vision, une exigence. On s’est rencontrés à un moment où chacun cherchait sa voie, et ça a créé un lien très fort. Je suis un grand consommateur de stand-up, donc mes collègues m’inspirent tout le temps, même quand je connais leurs passages par cœur.
Vous jouez à Marseille le 4 décembre. Un public à part ?
Ah oui ! Le public marseillais est chaleureux, réactif, heureux d’être là. On sent la Méditerranée. C’est toujours un plaisir d’y jouer.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR SUZANNE CANESSA
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