Deux expositions dont les vernissages ont lieu simultanément au Crac ce vendredi 4 octobre, à partir de 18h30, avec deux performances en lien avec l’exposition En-dehors (dont une accompagnée d’un avertissement, car comprenant de la nudité intégrale). Une exposition qui a invité huit artistes contemporain-e-s « directement concerné-e-s par le handicap et/ou la maladie, à présenter des œuvres qui rendent compte de leurs expériences sous l’angle de l’émancipation ». Toustes artistes français.e.s, trentenaires ou quadragénaires, qui se nomment No Anger, Laurie Charles, Marguerite Maréchal, Benoît Piéron, Lou Chavepayre, Kamil Guénatri, Mélanie Joseph. Et Rémi Gendarme-Cerquetti, écrivain, militant anti-validiste, auteur-réalisateur de films documentaires, décédé cette année, auquel l’exposition consacre une rétrospective.
Anti-validiste
Le parti-pris de l’exposition est militant : pour la commissaire de l’exposition, Lucie Camous, qui a co-écrit le projet avec l’artiste No Anger, il s’agit de déjouer les représentations dominantes validistes sur le handicap ou la maladie, découlant de la médecine et de ses normes implicites ainsi que du modèle productiviste, alimentant oppressions et discriminations. Et de proposer des façons de s’en affranchir. Notamment : « s’emparer de l’espace public, renverser le regard dominant ou acquérir une légitimité dans le champ de la recherche académique ; construire en collectif, performer d’autres rapports aux corps ou approcher le handicap comme une pratique transformatrice ». Ansi No Anger, à travers la vidéo, la performance et l’écriture littéraire s’attache à dire « l’expérience d’un corps minorisé qui s’affranchit de sa monstration hégémonique ». Laurie Charles, après ses relectures féministes de récits historiques ou de situations réelles, a entrepris de réécrire une histoire alternative de la médecine. Lou Chavepayre questionne les projections et les présupposés dont son corps fait l’objet. Kamil Guénatri, avec l’aide de ses assistant-e-s de vie, confronte son corps quasi inactif et dépendant à un médium fondé sur l’action. Et Mélanie Joseph, chercheuse sourde, propose un travail à la croisée des Deaf Studies (études sourdes), de la sociologie visuelle et de la performance vidéo. Elle sera en performance le soir du vernissage, et le lendemain, tout comme Kamil Guénatri.
Ruines et montagnes
La seconde exposition présente trois projets d’Alice Brygo (née en 1996 à Montpellier, diplômée de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs en 2019, et du Fresnoy en 2022), dont la pratique conjugue méthode documentaire, cinéma fantastique et installation.
L’un des projets présentés est celui qu’elle a développé à la Villa Médicis de Rome, lié au Prix Occitanie Médicis, qui a pour objectif de découvrir, soutenir et promouvoir les talents émergents d’Occitanie sur la scène internationale, dont elle a été lauréate en 2023. Three days in Rome est un triptyque, qui découpe le temps en passé, présent, futur, en faisant référence au tourisme de masse et au pouvoir de fascination des ruines. Une installation vidéo dans laquelle plusieurs civilisations se contemplent entre-elles, à différents endroits du temps. Ses deux autres projets regroupés sous le titre Vertiges sont Le Mal des ardents, un film de 2022, réalisé à partir d’images tournée en 2019, à Paris, dans la foule médusée qui regarde Notre-Dame brûler. Et Montagne profane, installation vidéo produite spécialement pour l’exposition, où se développe un récit étrange et mélancolique, dans lequel plusieurs personnages évoluent, entre randonnée et survie autour de différents sites de montagnes artificielles, de celles qu’on peut voir dans les zoos, les parcs aquatiques ou les salles d’escalades… Pour Alice Brygo il s’agit d’« une mise en dialogue critique et ambivalente de différentes symboliques dont la montagne a fait l’objet, de la quête spirituelle que représente son ascension, au contrôle de la nature que suggère son imitation architecturale».
MARC VOIRY
Vertiges, En-dehors
Jusqu’au 5 janvier 2025
Crac, Sète