mercredi 30 avril 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
AccueilScènesPropager toutes les dimensions du son 

Propager toutes les dimensions du son 

Le GMEM persiste à ouvrir tous azimuts les horizons du son. Son festival Propagations 2025, du 2 au 11 mai, s’annonce exceptionnel 

Le Centre national de création musicale (CNCM) est le plus important de France après l’Ircam parisien (dont plus personne ne sait que l’acronyme désigne un Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique). Historique, créé par un collectif de compositeurs dès 1972, il a été labellisé par l’État dès la création des CNCM. Ouvrant depuis toujours de nouvelles voies à la musique, le GMEM (dont plus grand monde ne sait que l’acronyme désigne Groupement de Musiques Expérimentales de Marseille) a accompagné, et parfois déclenché, les évolutions musicales et culturelles de son temps.  

Christian Sébille, arrivé à la direction en 2011, a en quelques années opéré des révolutions notables : la fusion avec le GRIM (dont on a oublié que l’acronyme désignait un Groupe de Recherches et d’Improvisations Musicales) de Jean-Marc Montera, l’installation à la Friche La Belle de Mai, la construction du spectaculaire Module, la multiplication des résidences de création et l’instauration de rendez-vous réguliers, les Modulations, sont allés de pair avec l’arrivée en nombre de compositrices et créatrices sonores, ainsi que d’une approche du son plutôt que de la note, de la singularité plutôt que des chapelles, et du partage des territoires avec les autres arts, en particulier la littérature.

En balade

La 5e édition de Propagations propose huit créations originales et une trentaine d’événements adaptés aux huit lieux qui les reçoivent. Le grand plateau de La Criée est parfait pour accueillir le premier opéra de Philippe HurelEspèces d’espaces, d’après l’essai de George Perec, joué par l’ensemble Court Circuit avec la soprano Élise Chauvin et le comédien Jean Chaize. Un opéra des objets, sonores et vocaux, mais aussi physiques et projetés, construisant une « espèce » d’histoire, un « espace » oulipien.

Au Couvent, lieu moins officiel, un concert Emergence, en entrée libre, composé et joué par les élèves du Conservatoire et ceux de la Cité de la Musique, mais aussi la classe de composition de Graz (Autriche). 

Au 3bisF, une forme à la mesure du théâtre résolument pluridisciplinaire et atypique : Soizic Lebrat et deux autres violoncellistes jouent Bach to 3D, accompagné·e·s par une danseuse preneuse de son, Alice Duchesne, pour une performance qui s’écoute au casque et déploie les pages de Bach dans l’espace, dessinant d’infinis triangles… Une spatialisation du son qui prendra le caractère d’une dissection au Zef : dans Anatomia la pianiste Claudine Simon commence par jouer les Funérailles de Liszt, signant ainsi la fin de son instrument, dont elle désossera peu à peu les structures, jouant des cordes, des marteaux, jusqu’à retrouver un nouvel usage des pièces…

C’est la fondation Camargo de Cassis qui recevra la création de Fabrizio CassolLorenzo Bianchi et Adèle Viret. Les trois compositeurs, respectivement au saxophone, violoncelle et voix fusionnent les sons, les textures et les timbres à la recherche de la note perdue. Notes on the memory of notes, un voyage immersif en quête du souvenir de la mélodie…

Au Klap, la danse, bien sûr : Rebecca Journo et Mathieu Bonnafous performeront Bruitage,la danseuse déclenchant par le geste les sons que le compositeur prolonge. Puis un quintet chorégraphié par Mélanie Perrier explorera unissons et décalages sur la musique de Thierry BalasseJusqu’au moment où nous sauterons ensemble.

Dans le foyer de l’Opéra, la voix ! La soprano Mathilde Barthélémy explore les Espaces blancs, les paysages anonymes que l’on traverse et qui s’effacent avec les mémoires. Une « cartographie du sensible », conçue avec la plasticienne Nina Bonardiet et la compositrice Claudia Jane Scorraro.

À La Friche

Ces partenariats intelligents emmènent la musique de création au cœur de projet de chaque lieu où il trouve refuge. Mais la plus grande partie de la programmation aura lieu à La Friche, dont le GMEM est un résident actif. 

Le Petit plateau sera offert aux compositions sonores des étudiants de la Satis qui dialoguent avec le cinéma expérimental de Javier Elipe Gimeno, puis à Grand8 en 16, un concert d’improvisation sur des projections multiples, en 16mm, de Gaëlle Rouard. Au Grand plateau, Polyphème un concert de gamelan de création, et le grand concert de clôture, Visions,  de l’ensemble Multilatérale.

Littéraire

Mais c’est sans doute dans le Module du GMEM que se tiendra la part la plus originale de cette édition : les Musiques-Fictions de l’Ircam, collection de fictions sonores confiées à un duo auteurice/compositeurice (le plus souvent autrice et compositeur ). Ce sont douze textes, de grands romans souvent, qui seront entendus : Maylis de Kérangal, Marie Ndiaye, Lydie Salvayre, Annie Ernaux, Céline Minard, Erri de Lucas, Nastassja Martin, ou encore Robert Linhardt… mis en musique par des compositeurs aux univers sonores différents, mais qui s’inscrivent tous dans la spatialisation impressionnante du dispositif « ambisonique » de l’Ircam : 49 haut-parleurs accrochés à une voute, au sein desquels une quinzaine de spectateurs s’assoient pour écouter le roman d’un bout à l’autre, entendre les voix, imaginer les visages et les lieux. 

Une mention spéciale à la création qui ouvrira ces écoutes immersives, et le Festival, le 2 mai : Olivia Rosenthal et Christian Sébille créeront En voiture ! une fiction sur l’ambivalence de cet objet de libération et d’aliénation, de Ford à Tesla. 

En voiture ! sera aussi lu-joué en direct par elle et lui à La fondation Camargo. Et toute la collection sera également rediffusée pendant Oh les Beaux jours ! Parce que la création musicale et la littérature ont tout à gagner à adresser ensemble leurs récits concrets à nos oreilles vivantes, et à laisser nos cerveaux recréer les images du monde.

AGNÈS FRESCHEL

Propagations
Du 2 au 11 mai
Marseille, Cassis, Aix-en-Provence

Retrouvez nos articles Scènes ici

Article précédent
ARTICLES PROCHES
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img

Montévidéo transposé

Hubert Colas était directeur de trois structures imbriquées : sa compagnie Diphtong, son festival actoral, et son lieu, Montévidéo, que le propriétaire a récupéré après un combat épique...

Hune 

C’est l’histoire d’une jeunesse passée dans la cage d’escalier : tous y passent et tout s’y passe… le temps, les gens… l’attente, l’ennuie, mais aussi les discussions...