Chaque été les chapiteaux, les tables, les roulottes et les transats s’installent face au fleuve au Palais et au pont, sous l’abbaye médiévale, à Villeneuve-lès-Avignon. La programmation éclectique du festival répond à deux exigences : l’itinérance possible de la forme, et la qualité artistique de spectacles inscrits dans une cohérence programmatique faite de continuité, d’échos et de complémentarités.
Quant à l’appellation de « slow festival » dont Villeneuve en Scène se réclame, elle est toute relative ! Ce sont treize spectacles qui jouent chaque jour, durant douze jours, à prix raisonnables (19 euros pour le plus cher), et on peut obtenir un tarif réduit, voire super réduit, en venant à vélo ou en bus, en accompagnant un moins de 26 ans, en ayant la carte du Off…
Écritures plurielles
À voir en famille : Dissolution, un très beau texte de Catherine Verlaguet qui met à portée des enfants, à travers le monologue d’un drôle de grand-père (Rachid Bouali) en train de mourir, un carpe diem aussi profond qu’optimiste. Julie Vidit (CDN Nancy Lorraine) met également en scène un autre spectacle, plutôt pour ados, autour de La Grève scolaire (Skolstrejk), et de l’engagement des jeunes pour le climat.
En famille toujours : le Cabaret renversé de La Faux Populaire invite les spectateurs à table (dès 7 ans) pour parler de l’amour et du couple entre deux numéros, et la compagnie EquiNote allie équilibres équestres, rêve shakespearien et nostalgie fantastique.
Villeneuve en Scène propose également un parcours danse avec Short People, un quintet loufoque et dynamique de Bruno Pradet (Cie Vilcanota), Autrement qu’ainsi, un beau solo de Yann Lheureux sur la maladie d’Alzheimer, et la Valse à Newton (chorégraphie Frédéric Cellé), un trio acrobatique qui cherche à suspendre le temps en arrêtant un pendule de Newton spectaculaire.
Interroger l’érotisme
À réserver pour des oreilles moins jeunes, le solo circassien de Marion Coulomb, qui ouvre la Boîte de Pandore, le récit du procès de son viol, des effets sur son corps et dans sa pratique du cirque ; et Stéphane Bonnard (Komplex Kapharnaum) qui ouvre un continent : celui d’un squat de réfugiés, dits migrants (mais que dit ce mot ?) entre deux univers, devenus un sigle MNA, mineurs non accompagnés, un nombre, des ombres.
À partir de 16 ans également, le cirque de Boris Gibé s’attache à L’Anatomie du désir, et s’expérimente. Pour pénétrer sereinement dans sa « Panoptèque », goûter et entendre avant de regarder, contempler Vénus, les automates qui défilent, interroger l’érotisme, et voir le corps réel de Boris Gibé incarner le désir féminin et s’élever…
AGNÈS FRESCHEL
Villeneuve en Scène Du 10 au 22 juillet Villeneuve-lès-Avignon festivalvilleneuveenscene.com