« Lyon est le principal lieu de l’histoire. Il se passera des choses là et ailleurs. Vous voyez cet homme- là ? Il s’appelle Thomas… » C’est par cette voix off, sur des images de la ville que démarre le nouveau film d’Emmanuel Mouret, Trois amies. Un film qui, comme les précédents, parle d’amour, de désamour. Un film tendre, doux, amer. Il y aura des rires, des larmes, des confidences, des mensonges, des couples qui se forment et d’autres qui se défont. Il y aura des déambulations dans les rues de Lyon, des intérieurs cosy remplis de livres et de toiles…
Il y a surtout trois amies : Joan Belair, (India Hair), Alice (Camille Cottin) et Rebecca Maillard (Sara Forestier). Joan découvre qu’elle n’est plus amoureuse de Victor (Vincent Macaigne) : un constat qui lui fait peur. Victor n’a rien fait de mal. L’amour a tourné comme le vent parfois. L’amour, ça va, ça vient ! C’est ce qu’elle confie à Alice qui essaie de la rassurer : elle, elle n’est pas amoureuse de son compagnon, Eric (Grégoire Ludig). Quand elle était amoureuse, c’était l’enfer… car c’est très dur d’être synchrone en amour ! Plus que de l’amour, elle préfère la douceur. Mais elle ignore qu’Éric a une relation avec son amie Rebecca…
Une chute après l’autre
Nous suivons les trois jeunes femmes à travers de superbes plans séquences dans les rues de Lyon, dans les cafés ; comme souvent dans les films d’Emmanuel Mouret, les personnages parlent en marchant, marchent pour parler. Nous accompagnons Joan dans son appartement où elle annonce la triste mais évidente nouvelle à Victor : elle n’est plus amoureuse de lui. Elle culpabilise mais n’y peut rien. Une séquence forte où le jeu d’India Hair et de Vincent Macaigne, excellents, nous met en empathie avec les deux protagonistes. « J’aime les personnages qui se trompent, recommencent, mais continuent à se tromper, comme Buster Keaton quand il tombe et se relève, une chute après l’autre, encore et encore, mais qui continuent, sans se retourner, sans accuser personne », explique le réalisateur.
Dans cette histoire, il y aura aussi un peintre, Stéphane (Eric Caravaca) dont le 06 est apparu dans un rêve d’Alice, Thomas (Damien Bonnard), un prof remplaçant Victor qui s’est tué en voiture. Car si Mouret parle encore ici d’amour, c’est un amour plus grave, plus douloureux que dans ses films précédents. Toujours avec légèreté, dans des rues baignées de lumière ou des intérieurs cosys, aux murs peints de couleurs chaudes, tout en harmonie, tels des écrins de douceur même quand l’amour est parti, filmés avec talent par le directeur de la photo, Laurent Desmet, fidèle collaborateur d’Emmanuel Mouret. Sans oublier la musique de Benjamin Esdraffo qui ponctue les moments clés. L’interprétation, aussi bien des actrices que des acteurs, est excellente et on retrouve avec plaisir Sarah Forestier qu’on n’avait pas vue à l’écran depuis Filles de joie (2020) et qui incarne une femme amoureuse qui fait face courageusement à des revers.
Un film réussi à déguster comme un bonbon doux amer.
ANNIE GAVA
Trois amies, d’Emmanuel Mouret
En salles le 6 novembre