dimanche 25 août 2024
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Quand la Marine nationale part au Japon

Le festival installé dans l’abbaye cistercienne de La Roque d’Anthéron refermait sa 4e édition par un grand concert qui menait les auditeurs dans le dédale des multiples représentations musicales du Japon

La cheffe d’orchestre Marie Faucquer est « très attachée à l’orchestre d’harmonie, considéré souvent comme le parent pauvre de l’orchestre symphonique ». Elle veut aussi montrer que la Musique de la Marine nationale n’est pas qu’une formation destinée à accompagner des moments officiels, mais « un grand orchestre capable d’aborder n’importe quel répertoire classique ou contemporain. » 

Le programme de la soirée du 7 juillet était entièrement consacré au Japon à travers un florilège d’œuvres offrant leurs représentations du pays du soleil levant. En ouverture, la brillante Fanfare for Tokyo, commande du Tokyo Wind Symphony Orchestra pour célébrer son 50e anniversaire en 2023 au compositeur anglais Philip Sparke, permettait à l’orchestre de souligner sa virtuosité. Le thème central scandé sur les percussions ostinato est donné par les bassons puis repris par l’ensemble tandis que les cors et les tubas ténor se lancent dans d’acrobatiques variations que viennent ourler les bois. Hymn to the sun du contemporain Satoshi Yagisawa (né en 1975) déployait ses pages imagées, depuis le lever du soleil à son zénith, auquel les oiseaux des bosquets voisins semblaient répondre. Une entrée pailletée était suivie d’élégants crescendos qui se repliaient sur le pupitre des clarinettes, puis laissaient éclore les voix des musiciens, en une célébration éblouie. 

Invitation au voyage

Comme un livre d’images, se feuilletait la Symphonie n° 4, Bookmarks from Japan, de Julie Giroux, dessinant sa vision occidentale du Japon à travers six estampes délicatement ciselées. Apparaissaient tour à tour Le Mont Fuji, l’ancien marché Nihonbashi, la Grande Vague de Kanagawa, le célébrissime tableau d’Hokusai, la Porte du Tonnerre d’un temple de Kyoto, Les neiges de Kambara (Evening Snow at Kambara), qui convient à un voyage intérieur charpenté par les accents de la flûte alto, instrument le plus proche du traditionnel shakuhachi, flûte japonaise en bambou. Enfin, Hakone, clin d’œil à un jeu vidéo qu’affectionne la compositrice, avec ses courses de voiture et ses virages en épingle à cheveu.

Les paradoxes du Japon en équilibre entre le rêve d’un univers immuable et la fragilité des choses – dans un pays où tout peut être remis en question très vite avec tsunamis et tremblements de terre – se voient condensés dans La Danse du Phénix de Toshio Mashima, avec sa palette frémissante et une certaine nostalgie presque jazzique. Comment évoquer le Japon sans passer par les dessins animés ! Une série emblématique, Hana Yori Dango, une jeune lycéenne se bat et s’impose contre quatre garçons (Tsukushi de Yamashita Kosuke dans un arrangement de Marie Faucqueur) et le thème de Mon voisin Totoro de Joe Hisaishi, subjuguaient par leur inventivité. Pour finir Omens of Love de T-Square, groupe japonais de jazz fusion nous faisait définitivement entrer dans le temps présent. 

MARYVONNE COLOMBANI

Le festival Soirs d’été à Silvacane s’est tenu du 5 au 7 juillet à La Roque d’Anthéron. 

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