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Que reste-t-il de nos amours perdues ?

Adaptation du roman de Philippe Besson, Arrête avec tes mensonges, troisième long métrage d’Olivier Peyon, revient sur l’histoire d’une passion interdite

En 2017 paraissait le livre le plus personnel de Philippe Besson, Arrête avec tes mensonges. Quand on propose à Olivier Peyon d’adapter ce roman qu’il n’a jamais lu, il est séduit par la troisième partie qui raconte la rencontre de Philippe Besson avec Lucas, le fils de son premier amour. Le romancier Stéphane Belcourt (Guillaume de Tonquédec), qui a accepté de parrainer le bicentenaire d’une marque de cognac, revient pour la première fois depuis trente-cinq ans à Barbezieux, la petite ville de son adolescence. Visage fermé malgré les efforts de la volubile Gaëlle (Guilaine Londez) qui l’accueille. Souvenirs qui rejaillissent. En 1984, il a vécu là son premier grand amour avec Thomas Andrieu (Julien de Saint-Jean), fils de petits viticulteurs qui, déjà, « sait quelque chose que je ne sais pas : que je partirai », confie la romancier. Or parmi les organisateurs, il y a quelqu’un qui lui ressemble, Lucas (Victor Belmondo), qui s’avère être le fils de ce premier amour qu’il n’a jamais oublié. C’est par une douzaine de flash-back, parfois juste quelques images, que nous est racontée cette relation cachée, le désir irrépressible, les rencontres dans un gymnase désaffecté, prés d’un lac et d’une carrière, dans la chambre de Stéphane, « devenue notre royaume, notre nid ou personne ne pourrait nous atteindre ». Scènes de sexe crues filmées avec pudeur, moments de tendresse aussi. Mais la réussite du film tient surtout au choix d’Olivier Peyon d’avoir privilégié  la rencontre de l’écrivain avec Lucas, de raconter ce fils cherchant à briser les secrets. Et de questionner : « Il était comment mon père quand il était jeune ? », « Le regard de mon père sur sa photo de mariage…Pourquoi vous étiez le seul à pouvoir le faire sourire ? ». La caméra de Martin Rit, s’attarde sur le visage de Guillaume de Tonquédec, qui joue superbement le désarroi, la panique parfois de Stéphane, rattrapé par tous ses souvenirs, dans cette ville où il a beaucoup souffert.
Et même si, comme le confie Gaëlle, « rester n’est pas forcément subir ! », on n’oublie pas qu’en en 2023, le pape qualifie encore l’homosexualité de péché, que dans soixante-neuf pays elle demeure interdite et punie par la peine de mort dans onze. Des histoires d’amour comme celle de Philippe/Stéphane et de Thomas, à qui Olivier Peyon dédie son film, il y en a, hélas !, encore beaucoup… Après avoir vu le film, Philippe Besson dira :  « J’ai été ramené à ces questions toutes simples que nous nous posons tous un jour : que reste-t-il de nos amours perdues ? Une autre vie était-elle possible ? ».

ANNIE GAVA

Arrête avec tes mensonges d’Olivier Peyon
En salle depuis le 22 février
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