dimanche 28 avril 2024
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Quel avenir pour le Lumière ? 

Après la fermeture de l’un des cinémas emblématiques ciotadens, mairie et associations citoyennes cherchent à dessiner le futur de ce lieu, entre craintes et optimisme

Ce Nouvel an à La Ciotat, les traditionnels vœux de bonne année avaient pour certains un goût amer. Plusieurs dizaines de personnes étaient d’ailleurs réunies devant le cinéma Lumière, car le passage en 2024 signifiait aussi la fin de son histoire vieille de 110 ans, lui qui projetait le 31 décembre son dernier film. Une dernière séance qui aurait dû sceller plusieurs années de lutte entre la mairie et les anti-fermetures, réunis notamment par le collectif La Culture, ça Urge !, mais qui ouvre d’autres interrogations quant à l’avenir de la Halle Lumière, promise à devenir un lieu pluridisciplinaire à dominante musicale.

« On a au moins gagné le fait que le lieu reste culturel » se réjouit Régine Douzenel, membre du collectif La Culture ça urge !, dont le mot d’ordre s’est aujourd’hui transformé en « La Concertation, ça urge ! ». Car le budget pour le réaménagement du bâtiment ayant déjà été voté, il reste désormais à savoir comment il sera alloué, d’où l’importance pour elle d’une discussion entre la mairie et le collectif, qui craint que l’ex-cinéma ne soit dévoyé de son caractère public. 

De son côté, l’adjoint au maire en charge du Cinéma Jean-Louis Tixier se veut rassurant, et rappelle que le lieu conservera une salle de projection. « Je suis favorable à ce que la salle du Lumière qui sera gardée reste publique », indique-t-il. Pourtant, le chiffre évoqué de cinq séances par an ne réjouit pas tout le monde : « laisser une salle de projection pour seulement cinq séances par an, c’est juste pour montrer qu’ils restent en lien avec le cinéma », ironise Régine Douzenel. 

A l’appel du collectif La culture ça Urge !, des dizaines de manifestants se sontréunis pour la dernière séance du cinéma, ce 31 décembre 2023 © XDR

D’après elle, il faudrait aller beaucoup plus loin en ouvrant une deuxième salle que l’Éden, l’autre cinéma historique de la ville, pourrait gérer. « Des tas de villes ont des cinémas sur plusieurs sites, pourquoi pas nous ? » s’interroge-t-elle. Questionné à ce sujet, Michel Cornille, le président de l’association qui gère le cinéma de l’Éden, ne se dit pas intéressé par un tel projet. « Le cinéma n’est pas mort à La Ciotat. Nous assumions déjà 95% des films d’art et essais de la ville, nous assumerons les 5% restants dont s’occupait le Lumière », explique-t-il. D’ailleurs l’association devrait bientôt embaucher un·e salarié·e supplémentaire pour subvenir à cette hausse attendue de la fréquentation.  

« Un lieu pluriculturel à dominante musicale »

Pour l’adjointe à la Culture Nathalie Lainé, la musique doit être mise à l’honneur dans l’ex-cinéma. « On voudrait que ce soit un café-concert, mais pas seulement », explique-t-elle. Musique, danse, théâtre, la pluridisciplinarité serait le maître-mot. Lors de la concertation prévue à la fin du mois, artistes, membres d’associations et élus municipaux se réuniront. « Cela n’a pas à être un lieu figé », estime l’adjointe. La mairie n’a pour autant pas entièrement les mains libres quant à l’avenir du lieu, ou du moins sa forme. « On est aussi dépendants de ce que nous autorisera à faire l’assistant à maîtrise d’ouvrage », reconnaît Nathalie Lainé. 

Même si les avis divergent, l’amour pour le septième art à La Ciotat est partagé. Un projet de musée du Cinéma est sur les rails, et la mairie prévoit de créer des sections cinéma dans les écoles et lycées. De son côté, le collectif Culture, ça urge ! promet d’être actif et entreprenant. De quoi suivre avec intérêt la concertation annoncée par le maire Alexandre Doriol.

RENAUD GUISSANI

Jean-Louis Tixier défend la fermeture
Adjoint au maire de La Ciotat en charge du Cinéma, et ancien adjoint à la Culture, Jean-Louis Tixier rappelle que « la fermeture du Lumière est actée depuis plus de dix ans et a été votée à l’unanimité. » Le conseil municipal de l’époque, tous bords politiques confondus, avaitpointé du doigt la rentabilité du cinéma jugée insuffisante:« Il faut une moyenne de 25 personnes par séance pour qu’un cinéma soit rentable, pourtant le Lumière n’en a que six par film », précise-t-il. R.G.
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