jeudi 25 avril 2024
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Salon de musique

Dans le cadre du festival Mehfil, un concert exceptionnel de musique hindoustanie était donné au théâtre Ainsi de Suite à Aix-en-Provence

Le festival Mehfil s’évade de sa source marseillaise et essaime avec ses musiques voyageuses à Avignon, Port-de-Bouc, Martigues, Carpentras et Aix-en-Provence où était donné un concert exceptionnel à plus d’un titre. Les quatre musiciens présents, Sougata Ray Chowdhury (sarod), Joyeeta Sanyal Margarit (sitar), Nihar Mehta et Nabankur Bhattacharya (tablas) sont tous des solistes et leurs instruments sont toujours seuls lors d’une représentation traditionnelle. Les entendre jouer ensemble est une rareté. 

Unir le sitar, instrument entièrement construit en bois, doté de frettes qui se déplacent le long du manche selon les modes recherchés, et le sarod qui est composé de bois, de peau tendue et de métal sans frette, n’est pas aisé. Il demande à chaque artiste un travail de composition et d’écoute de l’autre très particulier afin que se tressent les inspirations particulières de l’un et de l’autre en un dialogue fécond. 

Puissance créatrice
Une émulation espiègle est rendue sensible dans le jeu virtuose des musiciens dont les notes rêvent puis se déroulent en récits qui évoquent des paysages d’émotions où se lovent avec délices les schémas des raags (« chaque raag correspond à des moments particuliers de la journée et à des saisons. Par exemple, il existe des raags associés à la pluie») * dont la trame guide l’inspiration à l’instar des improvisations de jazz. Tout est improvisé au cours du concert. L’entente que l’on perçoit entre les musiciens vient de leur solide connaissance des divers thèmes et de leur puissance créatrice, ce sont des compositeurs autant que des interprètes.

Quant aux tablas, ces « ruisseaux qui coulent avant d’arriver à des mers tempétueuses », sourit Satya Fraval, président de l’association Taal Tarang, se retrouvaient face à face deux écoles. Celle de Bénarès avec Nihar Mehta et celle de Farukkabad pour Nabankur Bhattacharya, la première s’arquant davantage sur des rythmiques profondes, la seconde insistant sur la finesse et la légèreté. Un fin nuage de talc enveloppe parfois les musiciens (nécessaire à la bonne glisse des doigts sur les peaux tendues) qui rivalisent avec élégance dans la complexité de leur jeu, encouragés par un public passionné. Retour au Salon de musique de Satyajit Ray… 

MARYVONNE COLOMBANI

*Citation extraite du petit et remarquable fascicule édité par Taal Tarang, Indian Arts Académy (organisateurs du festival)

Au confluent du sarod et du sitar a été donné le 18 novembre au théâtre Ainsi de Suite, à Aix-en-Provence, dans le cadre du festival Mehfil

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