Marion Aubert est une des auteures dramatiques dont l’écriture marque le paysage théâtral. Lyrique, passionnée, féministe dans ses thèmes, politique dans son attention aux marges, à la nécessité d’emprunter d’autres chemins. Depuis 1997 elle forme avec Marion Guerrero un de ces duos autrice/metteuse en scène qui fonctionne comme les deux roues d’un vélo, dont on ne sait plus bien laquelle entraîne l’autre, tant le baroque, la foison, la délicatesse, l’obstination, semblent communs.
Mues, écrit en résidence au Centre National des Ecritures de Scène de la Chartreuse de Villeneuve, créé au Théâtre Joliette de Marseille après plusieurs semaines de résidence, met en scène une transformation hybride. Il y est question d’une femme, Marie, qui se cherche en fuyant la ville et la foule, pour se trouver en ruralité, dans les Cévennes. Elle tente des travaux d’approche, dans un village dont les habitant.e.s sont eux aussi décalé.e.s du monde, fuyant la ville et les hommes, s’essayant à l’art collectif, relevant les lieux où il fait bon se perdre. Elle s’y essaie aussi, s’abandonnant dans une nature où, concrètement, elle cherche à se fondre, à s’unir avec les vies, animales, végétales, minérales, élémentaires, qui l’entourent.
Réflexion sur l’extase, la perte de soi, la rencontre des autres vraiment différents, Mues résonne des mots et d’élans mystérieux, en un temps où les hybrides ressurgissent, affirmant le mal-être général de l’humanité, et l’ambiguïté de notre rapport au Règne animal. Comme le nom de ce film dont le succès étrange n’est pas sans rappeler les Mues de Marion Aubert, ou les Métamorphoses d’Ovide.
Agnès Freschel
Mues
Du 13 au 15 mars
13 Vents, Centre dramatique national de Montpellier