Anjir, le narrateur, et Zal, amis depuis l’enfance, sont devenus amants. Cependant Zal a été contraint à un mariage avec une riche héritière. L’intrigue démarre quand une infirmière informe que Zal a été victime d’une agression, en compagnie d’un jeune homme. Anjir se sent trahi. Les souvenirs du premier baiser, de la complicité reviennent par vagues. Tandis qu’Anjir se lance dans une enquête pour découvrir l’identité de ce jeune homme et retrouver Zal qui a disparu, la très glamour cliente d’un hôtel, qui cache sous des dentelles sa pomme d’Adam, l’engage pour organiser une fête. Anjir observe ses manières et sa démarche pour apprendre à devenir la « nouvelle épouse » de Zal. Car il est de plus en plus résolu à commencer sa transition. Pour la financer il dérobe des bijoux aux invités. Le récit progresse de façon aléatoire, un événement appelant un souvenir, puis un autre. Méfiance et violence alternent avec quelques éclairs de poésie et même parfois d’humour.
Un univers désespérant, une langue crue
Malgré les menaces, Anjir espère que Zal et lui seront « des amants vivants » ; pour se protéger il se procure un flingue. Il faudra quitter Téhéran car « il ne s’agit pas de se faciliter la vie. Il s’agit de ne pas la perdre. » Sera-t-il exaucé ? Sinaki livre un portrait glaçant de son pays natal, des personnages cyniques y côtoient des femmes victimes comme la mère et la tante d’Anjir, l’une trahie, l’autre lapidée. La fin de l’intrigue tourne au thriller quand la femme de Zal et son amant entrent dans la course. Navid Sinaki nous laisse alors dans le trouble et l’attente.
CHRIS BOURGUE
Les larmes rouges sur la façade, de Navid Sinaki
Le bruit du monde - 22 €
Traduit de l’américain par Sarah Gurcel