jeudi 2 mai 2024
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AccueilCinéma« Tilo Koto » en ciné-débat aux Variétés

« Tilo Koto » en ciné-débat aux Variétés

À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, le cinéma Les Variétés (Marseille) accueille une rencontre autour de « Tilo Koto », de Valérie Malek et Sophie Bachelier. Un documentaire sur un jeune Sénégalais qui a tenté plusieurs fois l’effroyable traversée vers l’Europe

De nombreux cinéastes ont conçu des projets autour de l’émigration africaine. Dénoncer les conditions inhumaines du voyage vers l’Europe, l’indécence de l’accueil de ceux qui n’ont pas succombé aux tortures et/ou ont survécu aux naufrages. Montrer aussi les initiatives de sauvetage, les désobéissances civiles qui s’opposent à l’hypocrisie des politiques de l’Union en la matière. Chercher à comprendre ce qu’il faut de guerres, de misère, de détresse pour quitter sa famille et s’entasser dans des rafiots branlants. Comprendre pourquoi, il est si difficile de revenir sans argent et sans perspective quand les familles se sont endettées pour permettre l’exil. Raconter les destins incroyables de ces Désespérés. Tilo Koto, sous le soleil,le documentaire de  Sophie Bachelier et Valérie Malek, rappelle tout cela, en adoptant, et c’est là son originalité, le point de vue du Casamançais Yancouba Badji. Parti à 17 ans du Sénégal, échouant dans un camp tunisien après avoir connu l’enfer en Libye, le jeune homme, après quatre tentatives de traversée vers l’Italie, est revenu au pays où il cherche désormais à dissuader les candidats à l’exil. Il  leur dit ce qui les attend vraiment, loin des rêves et des mensonges des passeurs : le racket, les prisons libyennes, la torture, les filles vendues, violées, battues. Artiste, Yancouba témoigne par ses peintures de l’horreur de ce qu’il a vécu. Il pose sur la toile des silhouettes noires aux yeux exorbités, zombies « munchiens » serrés dans un canot blanc sur l’aplat bleu et impassible de la mer. Ses amis d’infortune parfois ne peuvent pas la dire cette horreur, l’un ne cesse de trembler, l’autre pleure en silence devant un monticule de terre, dans le cimetière des Inconnus où repose sa belle-sœur tabassée à mort. En Casamance, on mène une vie de forçat et de dénuement dans un paysage sublime que la photo du film magnifie. Près de sa mère et du fleuve où il construit une sculpture éphémère faite de racines de mangroves mortes, Yancouda peu à peu transforme son échec en un projet artistique et politique.

ELISE PADOVANI

Ce film est projeté le 20 juin à 20 heures, au cinéma Les Variétés (Marseille), dans le cadre d’un ciné-débat organisé en partenariat avec la Ligue des droits de l’Homme, la Cimade et SOS Méditerranée.

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