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Shantala Shivalingappa ou la danse des mains

Montpellier Danse invitait la danseuse Shantala Shivalingappa pour son spectacle Swayambhu sur la scène de l’Opéra Comédie. Un voyage dans le temps, l’espace et la musique, dont on ne ressort pas indemne

La scène est sombre, illuminée d’immenses drapés blancs et de quelques bougies. Sur une petite estrade s’installent quatre musiciens. En voix off, Shantala Shivalingappa explique que le spectacle commence par une prière chantée, suivie d’une première danse dédiée à Ganesha, le dieu à tête d’éléphant, « destructeur des obstacles ». En quelques minutes, nous sommes transportés dans un monde parallèle, habités par un chant envoûtant, le rythme des tambours et la flûte. C’est le pays des dieux et de la danse, du kuchipudi plus exactement, une danse traditionnelle très codifiée originaire du sud de l’Inde. Fille de la danseuse Savitry Nair, Shantala Shivalingappa s’est très tôt révélée une fabuleuse artiste, côtoyant rapidement les plus grands chorégraphes, comme Maurice Béjart, Pina Bausch ou encore Ushio Amagatsu.

Dextérité vertigineuse

Son talent se révèle d’une pureté époustouflante dans l’interprétation de cette danse classique indienne mêlant le sacré comme le populaire, mais aussi la musique, la danse et le théâtre, chaque élément intimement relié à l’autre. Tout au long des sept tableaux, ses pieds et les grelots qui y sont attachés complètent la rythmique. Quant à ses mains, elles portent un langage à elles seules, accompagnant la narration, soulignant l’histoire dansée avec une fluidité déconcertante tout en étant capables d’une précision presque brutale. Pendant ce temps, les mains des percussionnistes font elles aussi preuves d’une dextérité vertigineuse. Chaque tableau est précédé de la voix de la danseuse, traduisant le texte, racontant de quoi il est question. Que ce soit la déesse Padmavati faisant une déclaration romantique à son mari le dieu Venkateshwara ou un mouvement dédié à Shiva, le dieu de la danse, qui se termine sur un plateau de laiton…

Sa volonté est de partager ouvertement son amour de cet art si poétique. Elle aide le spectateur à mieux ressentir la force d’une danse beaucoup plus physique qu’il n’y paraît, et dont le vocabulaire chorégraphique semble infini tant il est subtil. Le spectacle se termine par une dernière prière chantée par l’artiste elle-même. La légende dit que le jeune saint qui écrivit ce texte à l’âge de 21 ans, Dyaneshwar, abandonna ensuite son corps physique pour entrer en méditation. Magnifique en blanc et or sous les dorures de l’Opéra Comédie, Shantala Shivalingappa rayonne plus que jamais, chaque pas d’une grâce absolue, un sourire d’une beauté enfantine, un mouvement maîtrisé jusqu’au bout des doigts.

ALICE ROLLAND

Swayambhu a été donné le 7 décembre dans le cadre de Monptellier Danse à l’Opéra Comédie, Montpellier.

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