Au début du spectacle, la scène est plongée dans une obscurité troublée de flashes lumineux. Quelques sons s’échappent qui participent à l’étrangeté de la situation. On discerne après un temps (trop long) des formes massives suspendues qui, très lentement, se mettent à bouger. Ce sont deux corps, chacun sur une structure faite de barres suspendues, reliées par des fils. Peu à peu la lumière monte en même temps que se déploient les corps, comme des bourgeons qui se défroissent. Les deux danseuses, Mélusine Lavinet Drouet et Kamma Rosenbeck, évoluent dans une lenteur dont on mesure la difficulté, tant elle demande plus de virtuosité que la vitesse.
Résistance et légèreté
Le regard est happé par l’élégance et la maîtrise des mouvements. Aucun effort n’est visible. Les déplacements semblent naturels et défient la pesanteur dans une sorte d’insouciance. Le temps lui-même est suspendu… L’univers sonore du groupe Noorg, avec Loïc Guénin et Éric Brochard, accompagne en direct les deux interprètes et culmine avec les vibrations d’un immense gong qui occupe la partie centrale de la scène, créant un univers interstellaire.
Peu à peu les deux femmes retrouvent le sol, courent en exécutant des gestes rapides. On s’attendait à une rencontre plus chaleureuse et une chorégraphie plus complice. Les danseuses ne font que se croiser, se tournent le dos et semblent s’éviter. Est-ce à dire que la terre est inhospitalière ? Sébastien Ly, le chorégraphe, a-t-il voulu souligner une déception ? Est-il si difficile d’habiter la terre ?
CHRIS BOURGUE
Sidéral de Sébastien Ly, a été créé le 2 décembre au Zef, scène nationale de Marseille.