Jamais dormir a tourné dans le Vaucluse du 31 mars au 7 avril dans le cadre d’une programmation de La Garance, scène nationale de Cavaillon. Puis dans le cadre de Festo Pitcho, festival pour la jeunesse organisé par la scène conventionnée Le Totem (Avignon) du 11 au 15 avril, il a débordé jusqu’au Gard avant de finir à la Maison Jean Vilar.
Au centre des villes, dans les salles polyvalentes ou les théâtres, le même accueil, respectueux et étonné : Jamais dormir fait partie de ces rares textes pour enfants qui leur proposent un voyage complexe, et des questionnements qui restent ouverts et profonds. Il y est question d’une petite fille, jouée par une adulte, Thalia Otmanetalba. Cette Thalia – Baptiste Aman écrit pour ses acteurs et donne à ses personnages leur prénom – ne dort pas. Jamais. Elle invente des mondes fantastiques, mythologiques, des aventures épiques dont elle est l’héroïne, et où elle entraine son public. Au moins les enfants.
Car l’enjeu est bien ici que les enfants s’autonomisent, passent au-dessus des obstacles, de leurs peurs, de leurs cauchemars, de leurs échecs. On devine, sans s’y attarder, les traumatismes de cette Thalia qui ne dort pas, voit un psy, « déborde », s’enferme dans son imaginaire pour échapper à la terreur qui s’empare d’elle, si seule dans son dortoir collectif.
Les parents comprennent, les enfants aussi : l’urgence d’imaginer, de parler, d’être enfin celle qui gagne et résout les énigmes. La comédienne est drôle, rentre-dedans, débordante, attachante. Les enfants, séparés de leurs parents dans la salle, l’écoutent et grandissent. La vie n’est pas facile, mais ils ont en eux les moyens de s’en sortir.
AGNÈS FRESCHEL
Jamais dormir a été vu le 15 avril à la Maison Jean Vilar, Avignon.