Zébuline. La quatorzième édition, déjà !
Serge Dentin. Eh oui, le festival Risc existe depuis 2006, même si il y a eu des « années sans », et si la dernière fois, en 2021, tout a dû se tenir en ligne. Nous sommes un peu tentaculaires dans la ville, avec dix lieux de diffusion, des partenaires historiques et des nouveaux, comme l’Artplexe sur la Canebière.
Vous déployez aussi beaucoup de projets à l’année semble-t-il ?
Oui, de plus en plus notre modèle économique repose sur les ateliers de réalisation que nous menons au long cours. On se retrouve producteurs, sans être des professionnels de la production, mais ce sont des partenariats qui se sont développés à partir de 2017 et que l’on construit avec des écoles, collèges, lycées, structures sociales… Essentiellement pour le jeune public, mais on pourrait tout à fait imaginer cela avec des adultes.
On note une nette montée en puissance des sciences humaines dans votre programmation.
En effet, elle s’est repositionnée pour inclure toutes les sciences, humaines comprises. Si à l’origine elle était plutôt portée sur les sciences dures, c’est un peu de ma faute, j’ai un doctorat en physique théorique… Or les ateliers que l’on mène sont justement très axés sur les questions de société, de citoyenneté, qui de fait relèvent des sciences sociales. Il y a aussi possibilité de croiser des champs disciplinaires : les questions environnementales, par exemple, peuvent être abordées par les sciences dures comme par l’anthropologie. On pourrait même inviter des philosophes.
Qu’est-ce qui a prévalu dans votre sélection, y a-t-il un fil rouge cette année ?
Le fil rouge est un peu toujours le même, qui est de partir du cinéma, mais nous le requestionnons régulièrement. D’autres manifestations se présentent comme des festivals de films scientifiques, informatifs avant tout ; nous ne sommes pas à cet endroit-là. Notre sélection comprend beaucoup de documentaires de création, d’œuvres expérimentales, parfois sans paroles, et pourtant parlantes. Il y a un comité de sélection, qui porte un regard collectif, et choisit des films d’artistes, suffisamment travaillés pour enrichir une réflexion dans un dialogue art-sciences.
Vont être remis différents prix (du jury, en court, très court, moyen et long métrage ; un prix jeune public ; et un prix du public très court métrage), mais vous présentez aussi des films hors-compétition ?
Oui, notamment lors de la soirée de clôture au cinéma La Baleine : une première nationale à Marseille d’une production locale, par les Films de Force Majeure, La mécanique des choses [lire notre critique p.XIV]. Ce n’est bien-sûr pas parce qu’il est marseillais que nous l’avons choisi, mais nous sommes attentifs à ce qu’il se passe ici, pour les cinéastes, ou les scientifiques. Nous travaillons, par exemple, étroitement avec les chercheurs et chercheuses d’Aix-Marseille Université, et c’est important pour nous.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR GAËLLE CLOAREC