mercredi 2 octobre 2024
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Travailler, c’est trop dur…

… Et voler, c’est pas beau. Mais les voleurs ne sont pas toujours ceux que l’on montre du doigt. À 62 ans, âge légal actuel de départ à la retraite, environ 25% des hommes les plus pauvres sont déjà morts. Soit un sur quatre. Une statistique glaciale qui retrouve un peu de couleur grâce aux efforts des plus riches, à 95% en vie au même âge. Chez les femmes, si l’espérance de vie est plus longue, le même écart existe entre les plus riches et les plus pauvres. Pour les revenus légèrement plus décents, le résultat n’est guère plus enthousiasmant puisque qu’un homme aux revenus modestes sur cinq décède lui aussi avant sa retraite. Car dans le domaine du travail et des souffrances physiques comme psychologiques qu’il génère, il n’y a malheureusement que peu de hasard. Ces vies dont certaines ne verront pas un centime de leur pension alors qu’elles ont cotisé jusqu’à leur dernier souffle ne préoccupent visiblement pas les dicteurs de réforme.
Existences amputées, années de vie volées par le refus de regarder la réalité en face pour réparer l’injustice à sa racine. Les réponses des gouvernements successifs, dont le quart des amis sexagénaires ne remplissent sans doute pas leurs cimetières, virent à l’obsession. Financer à tout prix le régime de retraites par l’allongement de la durée de la cotisation plutôt que par la mobilisation d’une partie des milliards de bénéfices des profiteurs de crise qui ne sont pas redistribués pour l’intérêt général et les besoins collectifs. Autre urgence : réévaluer à l’aune de la réalité de ces chiffres et d’autres, les critères de pénibilité. Contrairement à ce que martèle la pensée libérale, fixer un âge de départ à la retraite identique à tous·tes est d’une injustice criante. Un facteur d’aggravation des inégalités face au travail.
La future réforme, derrière la petite musique d’une pseudo-concertation, sera sans surprise. Seule une mobilisation populaire massive alimentée par une méticuleuse campagne d’information pourra changer la donne. À gauche, des voix réclament un référendum pour valider ou non le texte final. Chiche. On sait combien un tel scrutin peut déjouer les pires scénarios.

LUDOVIC TOMAS

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