vendredi 26 avril 2024
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Un 20 000 lieues sous les mers sans fosse note 

Le roman de Jules Verne adapté par Valérie Lesort et Christian Hecq est un bijou féérique et spectaculaire

Et soudain le noir. Celui des abysses et de l’inconnu. Ainsi s’ouvre l’adaptation du roman de Jules Verne, 20 000 lieues sous les mers donnée ce 16 mars au Liberté à Toulon. Nous voici dans le Nautilus, ce sous-marin construit par le capitaine Nemo pour fuir la terre ferme, et les hommes qui l’occupent. Il recueille à son bord le professeur Aronnax, son domestique Conseil et Ned Land, un harponneur chasseur de baleine. Tous trois étaient à bord de l’Abraham Lincoln, navire amiral de la flotte américaine pour chasser un monstre marin. Mais c’est sur le sous-marin qu’ils tombent, et dans lequel ils se retrouvent coincés, à tout jamais peut-être.

Super-marionnettes 

De scènes en scènes, nous suivons la vie des trois captifs, du capitaine et de sa servante interprétée par l’excellente Pauline Tricot, seule femme au casting. Et s’il ne se passe pas grand-chose ici bas, on est bien dans ce salon cosy du fond des mers, et l’on partirait volontiers pour un tour du monde en leur compagnie. Il faut dire que les décors, sublimes, laissent un goût de sel, de rouille, et d’aventure dans la bouche. 

Puis viennent les ballets de marionnettes. Le moment plus vibrant du spectacle. D’abord depuis le hublot, et le passage impromptu de quelques poissons à la chorégraphie aussi maîtrisée que drôle. Elle devient ensuite poétique, quand le professeur et le capitaine s’essaient à la plongée, et que le marionnettiste mime jusqu’à la pesanteur des objets lancés sous l’eau. Spectacle saisissant signé Valérie Lesort, qui a valu à la pièce le Molière de la création visuelle en 2016. 

Il a fallu de l’audace pour présenter sur scène l’œuvre de Jules Verne, et l’on est admiratif du rendu : tout est fluide, et la magie opère toujours. Peut-être que l’on pourrait regretter le manque de profondeur de la pièce… qui reste sagement dans son XIXe siècle originel, loin des préoccupations contemporaines. Mais il faut prendre ce 20 000 lieues sous les mers pour ce qu’il est : du grand et beau spectacle, dont on rechigne à refaire surface.     

NICOLAS SANTUCCI 

20 000 lieues sous les mers était donné les 15 et 16 mars au Liberté, scène nationale de Toulon
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