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Un dernier été

Il pleut dans la maison suit un frère et une sœur qui tentent de changer leur destin. Une chronique douce-amère en Wallonie signée Paloma Sermon-Daï

Sur une route de campagne ensoleillée, avancent vers nous, lourdement chargées, deux personnes. Puis un orage violent et des gouttes d’eau tombent sur des lits où sont couchés deux adolescents. « Je vais avoir 18 ans et je dors avec mon frère ! » Elle, c’estPurdey, et son frère Makenzy a tout juste quinze ans. Leur père est aux abonnés absents et leur mère, alcoolique, disparait souvent pendant des jours, les laissant tout gérer, dans cette maison trouée, que leur a léguée leur grand-mère. Et que Purdey aimerait bien quitter. C’est ainsi que commence Il pleut dans la maison, deuxième long métrage de Paloma Sermon-Daï : la chronique d’un été où l’on va suivre les efforts de la fratrie pour sortir de cette situation précaire et pouvoir vivre leur vie. 

Mais comme le demande Donovan, l’inséparable ami de Makenzy, maltraité par son beau-père  « est-ce qu’il y a une hauteur maximale du ciel où on est bloqué ? » Pour ces jeunes, le plafond de verre est bien là… Purdey abandonne ses études et travaille comme femme de ménage ce qui déplait à son petit copain : « C’est pas comme ça que j’imagine ma copine alors que je vais faire des études ! » lui lance-t-il. Makenzy devient voleur de bicyclettes accompagné dans ses larcins par son ami Donovan. Ils mangent des pâtes ou du riz, essaient de colmater les trous de cette maison qui pleure et de leur propre vie. 

Vie de galère

On pense bien sûr aux films des frères Dardenne. Mais si Paloma Sermon-Daï  montre la précarité sociale, elle a choisi de mettre aussi en lumière la complicité joyeuse de ses personnages. Ils se chamaillent, jouent, se baignent dans le lac même s’ils ne savent pas nager, y croisent de jeunes touristes bruxellois « fils à papa » avec qui cela ne se passe pas très bien. « Le tourisme les renvoie à un monde auquel ils n’appartiennent pas et auquel ils n’essaient même pas d’appartenir », précise la réalisatrice, inspirée par sa propre adolescence et celle de ses deux acteurs, frère et sœur dans la vie et membres de sa famille : Makenzy Lombet et Purdey Lombet, qui tiennent ici un premier rôle dans un long métrage. Et l’on peut penser que ce ne sera pas le dernier tant ils parviennent à nous faire partager la vie de galère mais aussi la gaieté des personnages. La caméra du directeur de la photo Frédéric Noirhomme les suit le long des routes, sur la plage, en de longs travellings ou s’attarde sur eux, couchés dans la maison où il pleut, travaillant la lumière comme les peintres wallons et flamands. 

« J’ai dû briser un plafond social, ma mère était auxiliaire de soin, mon père était dans la marine marchande, personne ne s’attendait à ce que je parte à Bruxelles, à ce que je fasse du cinéma », précise la réalisatrice. Il pleut dans la maison est sa première fiction aprèsun documentaire très personnel, Petit Samedi. «Je voulais que le film soit une claque, ne pas édulcorer, et vraiment, faire vivre ce sentiment de dernier été ». C’est chose faite ! 

ANNIE GAVA

Il pleut dans la maison de Paloma Sermon-Daï 
En salles le 3 avril
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