L’intention de Picasso sorcier écrit par l’historienne de l’art Diana Widmaier-Ruiz-Picasso et l’anthropologue Philippe Charlier est clairement énoncé : « Sur le principe d’une errance, [il] propose de cheminer dans l’imaginaire et la création de cet artiste sans égal ». S’appuyant sur ses Ecrits, ses conversations avec Brassaï, ses œuvres, ses notes manuscrites ainsi que sur une documentation abondante, l’ouvrage tient ses promesses, cheminant à son tour entre démonstration, prospection et interrogation. Car les relations de Picasso avec l’extra-ordinaire ne sont pas uniformes. Il y a l’intime, l’inconscient et le goût de la mise en scène ! Pour sonder sa personnalité, il examine savamment « l’esprit des choses matérielles » telles les traces laissées à la postérité : mèches de ses cheveux « à la force surhumaine », bouts d’ongle, empreintes de sa paume, vêtements usagés, ficelles tressées… Et les choses immatérielles en usant d’un vocabulaire adapté. Ici rituel, talisman, magie, métaphore, sacrifice, pouvoir, alchimie, effigie, relique tiennent lieu de fil conducteur au portrait d’un Picasso fétichiste, superstitieux, qui croyait en une « âme secrète enfouie dans les objets ».
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Picasso sorcier, Diana Widmaier-Ruiz-Picasso et Philippe Charlier Gallimard 22 € Exposition éponyme jusqu’au 31 décembre au musée national Picasso-Paris.