« La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. » écrivait Gustave Flaubert, convaincu de l’inévitable maladresse de nos mots dès qu’il s’agit de les rendre consolateurs. Christophe André reste, lui, persuadé des merveilleux pouvoirs de la consolation. C’est ce qu’il a développé dans son ouvrage Consolations, celles que l’on reçoit et celles que l’on donne, paru début 2022.
Aujourd’hui, à la veille des fêtes de fin d’année, l’éminent (et très médiatique) psychiatre vient de faire paraître une nouvelle édition, illustrée, de son livre. Des images sélectionnées par lui, pour accompagner ses mots. Des tableaux de toutes les époques, de tous les styles, car si « l’art ne règle rien de nos difficultés », « il détourne avec force et douceur notre attention de la seule tristesse, […] nous offre un autre regard sur la vie. » L’art pictural, une des voies de la consolation, comme le sont aussi la nature, la marche, la méditation, et les autres pratiques artistiques. Car nous avons tous, rappelle Christophe André, un « besoin immense de consolation ».
Comme une boussole dans le noir
C’est la maladie (et l’éventualité d’une mort prochaine), qui lui a fait prendre conscience de l’importance de la consolation, à lui qui lui était resté longtemps, souligne-t-il, « aveugle ». De la découverte de ce « moyen de vivre avec les orages », de cette « chanson douce qui remet en lien avec le monde, le monde tout entier, avec ses beautés et ses adversités. », il a tiré un livre plein d’empathie, de bienveillance, comme le sont ses autres ouvrages, ses chroniques radiophoniques, ses interventions télévisées. On y retrouve le ton intime, pas donneur de leçons pour un sou, qui est sa marque de fabrique et a fait sa popularité. Si le texte s’appuie sur de nombreuses références, littéraires, philosophiques – on trouve d’ailleurs à la fin de l’ouvrage une bibliographie commentée –, il se nourrit aussi d’une foule d’anecdotes personnelles. Quant aux tableaux choisis, chacun est agrémenté d’un bref (et souvent touchant) commentaire de l’auteur. La mise en page, très soignée, met en valeur certains poèmes, certaines histoires.
C’est donc un très beau livre que ces Consolations. Un livre lumineux, qui propose un art de la vie à la portée de tous, qui tente de nous « apprendre à exister avec l’idée de la mort, pour mieux vivre. » Un ouvrage qu’on peut lire, poser, reprendre. Et une belle idée de cadeau à offrir aux endeuillés, aux éplorés… comme à tous les autres.
FRED ROBERT
Consolations, celles que l’on reçoit et celles que l’on donne de Christophe André
L' Iconoclaste, 35 €