L’esplanade Charles de Gaulle à Aubagne était comble cette année encore. L’effervescence de la soirée de clôture des Nuits Flamencas rendait bien compte de celle des journées précédentes, alliant transmission, conférences, concerts, danse, cinéma… la dernière soirée débutait par une fougueuse initiation à la sévillane, cette danse qui peut symboliser tour à tour la rencontre, la séduction, la dispute, la réconciliation, enchaînant ses pas, ses ronds de jambe, ses coups, ses pas de basque ou de bourrée. L’art flamenquiste trouvait ensuite une palette foisonnante de registres dans les deux spectacles donnés sur la grande scène, soulignant à quel point cette danse multiple est expressive, conte, poétise, s’accorde aux plus intimes variations des sentiments, du plus subtil au plus emporté, emportant les éléments dans son orbe.
Garcia Lorca convoqué
C’est la Terre qui parle avec la danseuse Maise Márquez (prix Extraordinaire du Festival de Jerez en 2019) accompagnée des percussions de David El Chupete, de la guitare de David Caro et du chant de Manuel Pajares et Manuel Gines. Les modulations des airs de Habla la Tierra vibrent à l’unisson des pas de la danseuse qui tisse une trame ardente, rompant la trame, laissant les phrases en suspend puis les reprenant avec d’infimes fluctuations, les pas se pressent, les talons emballent le rythme des instruments qui suivent avec allant les fantaisies narratives d’un discours qui trouve en lui-même ses propres ressorts. C’est l’univers du poète assassiné à Grenade, Federico Garcia Lorca, qui se voyait ensuite évoqué dans une mise en scène très théâtrale adaptant les musiques de Manuel de Falla aux guitares de Jose Tomás Jimenez et Francis Gómez, les chants d’Enrique Rimache, El Quini, Manuel de la Nina et Remache, aux pas de Marina Valiente, Caludia Cruz et Marco Flores, chorégraphe et metteur en scène de l’ensemble.
Sota, Caballo y reina présente une succession de tableautins, miniatures espiègles et vivantes, inspirés du concours Granada Cante Jondo de 1922 (concours conçu par Manuel de Falla et Lorca), animés par la virtuosité pittoresque des danses, ici un café, là, une salle de bal, une scène campagnarde, un mariage, une cérémonie… le caractère souvent tragique du flamenco se mue en volte fantaisiste, le sourire gagne, la maestria des danseurs subjugue. Marco Flores joue, danse, emporte le public dans la verve de ses évolutions. Une pure merveille.
MARYVONNE COLOMBANI
La soirée de clôture des Nuits Flamencas s’est tenue le 1er juillet, à Aubagne.