mercredi 2 octobre 2024
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Vaincre l’alarme

Le week-end d’ouverture de la Biennale d’Aix a mis la ville en Feu et fait danser Les Planètes, les mémoires et les corps

Lorsque l’art prend place dans l’espace public, les conversations bruissent, politiques souvent, au cœur des inquiétudes. Le 21 septembre à 20 heures, les spectateurs attendaient Les Planètes en guettant l’annonce d’un nouveau gouvernement. Inquiets, comme quelques heures auparavant des enseignants venus assister à By Heart de Tiago Rodriguez. Ou en colère, comme certains, plus jeunes, très nombreux, embarqués à la soirée DJ mémorable en haut du cours Mirabeau. 

Vivants

Dominique Bluzet, ouvrant la soirée, déclarait : « Le bonheur c’est ici et maintenant, à Aix-en-Provence ». La vertu des événements proposés par la Ville d’Aix est bien d’avoir permis ce temps, hédoniste, de partage et de plaisir, où chacun se sent vivant. 

Vivant comme Candida, la grand mère de Tiago Rodrigues, qui sait qu’elle tient au monde « par cœur », comme la vieille dame de Fahrenheit 451, comme tous les poètes résistants, Pasternak, Mandelstam, qui ont récité et appris pour combattre la censure. By heart, magnifique spectacle d’une simplicité chaleureuse et humaine, rappelle que les ressources de la résistance sont en nous. 

Vivant comme tous ces corps de tous âges qui dansent, professionnels du GUID du Ballet Preljocaj, danseuses de Josette Baïz qui entrainent le public dans leurs phrases chorégraphiques, jeunes qui dansent jusqu’au bout de la nuit sur les sons de Synapson ou Yuksek, et tous les autres qui rockent et chantent sur les reprises endiablées des Beatles, au bas du cours.

Doux feu

Plus confidentiel, sur inscription, la compagnie bien nommée La Ville en Feu a fait battre le Sacré Cœur en sa Chapelle. Les dix artistes, aussi bien chanteurs que danseurs, ont fait vivre dans leurs corps tout près des nôtres une partition échevelée qui a un siècle, mais regarde davantage vers le baroque que vers la modernité. Les Planètes de Gustav Holst, psalmodiées comme on chantonne une mélodie instrumentale, rythmées par des percussions vocales, prenaient corps dans leurs mouvements souples, simples, communs, souriants. Une alarme sonne dans la cour du couvent ? Les interprètes haussent la voix, passent l’alarme, triomphent, déclenchant des applaudissements complices. Le bonheur est ici et maintenant, pour peu qu’on le vive ensemble. 

AGNÈS FRESCHEL

Les Planètes, programmées par Lieux Publics, Centre national des Arts de la rue ont été chantées-dansées les 17 septembre à Marseille et les 21 et 22 septembre à Aix-en-Provence.
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