Sur le plateau un corps allongé qui se redresse. La jeune femme androgyne se déplace sur la scène comme une poupée mécanique, empruntant des diagonales rigides comme un petit robot téléguidé ou l’avatar d’un jeu vidéo japonais. Elle parvient après plusieurs tentatives infructueuses à ouvrir une porte dont s’échappe une épaisse fumée. Lorsque celle-ci se dissipe, apparaît un second danseur, sorte de petit Playmobil en T-shirt rouge qui à son tour se meut dans l’espace comme un automate dans une maitrise parfaite du corps. Puis surgit, un troisième, un quatrième et enfin les vingt danseurs de la Horde tout entière, chacun affichant une identité bien marquée. Ils convergent, s’affrontent dans des gestes martiaux, utilisent certains d’entre eux comme destriers et semblent peu à peu se libérer de leurs carcans pour s’humaniser dans des gestes plus amples mais qui les entraînent dans un combat hallucinant et halluciné. La guerre, prix de la liberté ?
Virtuoses du corps
À la fin de la prestation, les danseurs sont ovationnés tandis que les trois codirecteurs du BNM Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel rejoignent la scène. « Nous sommes heureux de vous présenter cet extrait de notre dernière création Age of Content pour l’ouverture de la saison du Théâtre Joliette que le public marseillais pourra voir à l’Opéra de Marseille en décembre avec chœur et orchestre sur une musique du Marseillais Pierre Aviat » se réjouit Arthur. « Le sujet de cette pièce, comme toutes nos chorégraphies, c’est le corps, le corps en mouvement », explique Marine avec de poursuivre : « Nous avons voulons explorer notre rapport corporel et émotionnel à l’abondance de contenus et de réalités simultanées, de plus en plus virtuels, ce multivers qui caractérise le monde contemporain ». Le public a ensuite pu aller à la rencontre des danseurs : Elena, Nahimana, Nonoka et tous les autres, 20 danseurs et des 10 apprentis issus de 17 nationalités ; une communauté internationale éphémère de penseurs et explorateurs virtuoses du corps.
ANNE-MARIE THOMAZEAU
Performance réalisée le 21 septembre au Théâtre Joliette, Marseille