samedi 29 juin 2024
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Vampire, du côté obscur

Avec En attendant la nuit, Céline Rouzet signe un premier film tout en tension

Écran noir. Cris d’une femme, vagissements d’un bébé en train de venir au monde. Premières images : le visage d’une mère et de son bébé, Philémon, qui n’arrive pas à téter. Elle a mal mais quand le médecin lui dit qu’il faut juste se forcer, c’est du sang qui coule sur sa peau blanche. Souffrance, sang, enfant sous perfusion, voiture qui roule, roule dans la nuit… C’est ainsi que s’ouvre le premier long métrage de Céline Rouzet, En attendant la nuit.

Philémon (Mathias Legout Hammond) a grandi : il a 17 ans. Sa mère Laurence (Élodie Bouchez), son père Georges (Jean-Charles Clichet) et sa petite sœur Lucie (Aly Mercier) s’installent dans une maison meublée, d’une petite bourgade pavillonnaire tout près d’une forêt. Ils sont heureux de commencer une nouvelle vie. « Tant que tu fais comme tout le monde, tu es tranquille ! » Car dans cette banlieue calme des années 1990, on s’invite à des barbecues et on interroge ceux qui viennent d’ailleurs. « Il faut absolument qu’on ait l’air le plus normal possible », rappelle Georges.

Frère de sang

La famille Féral vit avec les rideaux tirés et cache un secret : Philémon qui a sa chambre plein nord et évite le soleil, n’est pas un adolescent comme les autres, c’est un vampire. Laurence, qui lui fournit son propre sang, a trouvé un travail dans un centre de don du sang, ce qui lui permet de détourner des poches de ce précieux liquide pour son fils. « On n’est pas sérieux, quand on a 17 ans. » L’adolescent a envie de vivre comme les autres, de s’intégrer au groupe de jeunes du coin et quand il rencontre Camilla (Céleste Brunnquell), tout se complique. Désir et danger, violence et sensualité, ombre et lumière, amour et solitude. Le regard de Philémon sur le monde interroge notre propre regard.

Car ce film de vampire est avant tout un film sur la différence, l’éveil à la sexualité, les conventions sociales, la solitude. Philémon signifie « aimer et seul ». « Avec ce film, j’ai voulu raconter ce qui m’obsède depuis toujours : un monde conventionnel qui se fissure, des personnages qui dérangent, le malaise qui en découle » précise Céline Rouzet. Le scenario lui a été inspiré par l’histoire et la mort de son frère : « Je me suis rappelée que cette figure avait énormément hanté mon frère quand il était petit, lui qui est né différent et qui a beaucoup souffert du rejet des autres. Enfant, il voyait des vampires venir jusque dans sa chambre pour lui parler.»

Ceux qui s’attendraient à un film de vampires risquent d’être déçus. Les scènes où Philémon, comme la plupart des vampires depuis Nosferatu s’abreuve de sang humain, ne sont pas les plus réussies. Mais Céline Rouzet su créer une tension grandissante au fil du film et nous faire partager les efforts jusqu’à l’épuisement d’une famille qui se bat. En attendant la nuit a obtenu le Prix du Jury au Festival International de Films Fantastiques de Gérardmer.

ANNIE GAVA

En attendant la nuit, de Céline Rouzet
En salles le 5 juin

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