Chaque année, le festival dirigé par Nicolas Lafitte prend de l’ampleur. C’est désormais sur près de quatre semaines qu’il se déploie, au fil desquelles treize productions s’enchaîneront. Treize productions issues d’horizons musicaux singuliers, destinés à différentes tranches d’âge et portées par le même goût de la création et du partage. À Marseille, Aix-en-Provence, mais aussi Grans, Istres, Miramas ou encore Port-de-Bouc, Tous en sons ! rassemble un public familial que l’on espère au moins aussi nombreux et aussi enthousiaste que sur les éditions précédentes. Et ce sans compter les cinq spectacles proposés à un seul public scolaire, qui affichent déjà pour beaucoup complet.
Une équipe artistique tous terrains
La programmation s’est pensée une fois de plus en concertation avec Mathilde Rubinstein et Raoul Lay. Les deux co-directeurs artistiques et co-fondateurs du festival se sont avérés, du propre aveu de Nicolas Lafitte « absolument indispensables ». L’une en prêtant ses compétences de coordinatrice puis de directrice de lieu culturel – exercées entre autres à Les Théâtres, et désormais à la Citadelle –, ainsi que sa grande culture musicale et artistique. L’autre en mettant à profit son expérience dans la musique contemporaine, ainsi que dans les productions à la fois pluridisciplinaires et destinées au jeune public avec l’Ensemble Télémaque au PIC – Pôle Instrumental contemporain.
Nicolas Lafitte peut lui aussi s’enorgueillir de compétences multiples : musicales et musicologiques, elles l’ont tout d’abord amené à produire et animer Klassiko Dingo sur France Musique, dont il a tiré deux livres parus chez Bayard et une adaptation scénique. Comédien, médiateur, il s’est lui aussi intéressé de près au jeune public. « Le milieu du spectacle jeune public connaît un essor incroyable. La demande des familles est de plus en plus forte. Il se révèle donc de plus en plus exigeant », nous confiait-il lors de l’élaboration du programme.
À la croisée des genres
Loin de se centrer uniquement sur la musique, Tous en sons propose de nombreux spectacles à la croisée des genres. C’est ainsi le concert dansé concocté par le compositeur Benjamin Dupé et la chorégraphe Balkis Moutashar qui ouvre les hostilités les 29 novembre, 2 et 3 décembre à Klap à Marseille. Cette création réunit douze à quinze enfants formés au projet en atelier. Âgés de 7 à 12 ans, ces jeunes interprètes se feront également créateurs : l’équipement instrumental et technologique conçu par Olivier Thomas et Benjamin Dupé laisse libre cours à cette pièce balisée mais reposant sur une forte dimension aléatoire : Marelle : que les corps modulent !
Cette année, le dessin constitue également un allié de taille pour les musiques programmées. Soucieux de rendre justice à « une scène artistique et musicale locale d’une qualité ahurissante », Nicolas Lafitte a notamment reprogrammé Indigo Jane, qui avait déjà connu un grand succès en 2021. Ce conte jazz porté par la grande pianiste et compositrice Perrine Mansuy voit l’interprétation et les dessins de Lamine Diagne se déployer peu à peu sur scène. Un spectacle tout en poésie à retrouver les 2 et 3 décembre à l’Espace Robert Hossein de Grans et le 10 décembre à La Criée. C’est de nouveau cette alchimie entre récit, musique et illustration qui opère le 14 décembre au Mucem avec Le dessin et la musique des toiles, création du compositeur Karol Beffa et de l’illustratrice et bédéiste Lisa Mandel. Deux grands noms de domaines rarement réunis.
Toiles musicales
À mi-chemin entre le concert dessiné et le ciné-concert, La Montagne Magique s’empare de la scène de La Colonne à Miramas, du 15 au 17 décembre. Le film, fabriqué en direct par Elie Blanchard et Hugo Follonier, s’adosse à la musique et aux bruitages d’Emmanuel Mailly. Un dispositif similaire est à retrouver les 11 et 12 décembre au théâtre Le Sémaphore de Port-de-Bouc avec Bonobo. La musique de Sébastien Capazza, tour à tour aux guitares, saxophones, gongs et percussions, se greffe aux dessins de l’illustrateur et bédéiste Alfred.
Les ciné-concerts sont nombreux dans cette édition. The Bear, film d’animation d’Howard Blake, se mêle au chant sublime de Juliette Mollero et Jérôme Raphose, également respectivement au clavier et à la guitare. Ce spectacle visible à partir de trois ans est donné du 13 au 17 décembre au Théâtre de l’Olivier d’Istres et du 21 au 23 décembre au Mucem. L’auditorium du musée marseillais accueille également, le 18 décembre, le pianiste Jacques Cambra pour accompagner en live trois courts-métrages de Laurel et Hardy : Œil pour Œil, La Bataille du siècle et Le Poing final.
Mises en scène
Le théâtre n’est pas non plus absent de cette programmation favorisant toutes les musiques : actuelles, « classiques » mais également électro : Carbonero, conte concocté par la chanteuse et autrice Sylvie Paz et l’électro-acousticien Nicolas Cante, foule les planches de la Manufacture d’Aix-en-Provence le 15 décembre. Donné le 13 décembre à l’Espace Busserine de Marseille, le concert Radio Tortue mis en scène par Aurore Denis et Nicolas Dalban-Moreynas met en scène les musiciens Abel Croze, Aurore Denis et Mathieu Heitz. Le tout prend la forme d’une émission de radio tournant peu à peu à la catastrophe.
Le groupe La Mal Coiffée donne à la Cité de la musique de Marseille, le 16 décembre, Leona, un conte polyphonique célébrant joyeusement la puissance des femmes. Le one man show de l’artiste et musicien à tout faire Roman Gigoi-Gary est également à retrouver à La Criée le 17 décembre. Journée durant laquelle l’Opéra de Marseille accueille nombre de visites, conférences, répétitions et autres concerts pédagogiques. Pour « désacraliser » mais aussi et surtout « célébrer toutes les musiques : les oreilles des enfants ne hiérarchisent pas, ne craignent pas la dissonance, la différence. Tout est possible ! »
SUZANNE CANESSA
Tous en sons Jusqu'au 23 décembre Divers lieux dans les Bouches-du-Rhône tousensons.fr