Trois enfants jouent dans une vieille 2 CV verte au milieu de la campagne, heureux de vivre au soleil d’été. Mais quand une pelleteuse vient leur enlever leur royaume et que la petite fille Iris (Ainet Jounou) suivie des jumeaux Pere et Pau, l’annonce à la famille, on se dit que rien ne sera plus comme avant à Alcarràs. Ce petit village au plus profond de la Catalogne, région de la cinéaste.
Le nouveau film de Carla Simón, Alcarràs, est la chronique d’une mort annoncée. La famille Solé vit depuis trois générations de la culture des fruits sur une terre dont elle n’a pas le titre de propriété. Juste un accord verbal, à l’ancienne… Le propriétaire officiel veut y installer des panneaux solaires et arracher les arbres. Il ne se passe pas grand-chose dans Nos soleils, juste la vie. Carla Simón filme la lumière, les arbres, les corps massifs, forgés par le travail des champs, les escargots que l’on fait griller pour les repas de famille, les rires et les jeux dans la piscine, les spectacles que montent les enfants, déguisés, pour les adultes, la cueillette collective des pêches, la fête du village où l’on danse, boit, le plan de cannabis que le fils Roger fait pousser en cachette, les larmes du père, Quimet, (Jordi Pujol Dolcet) à bout de forces « Dans ce film, c’est les hommes qui pleurent » confie la cinéaste.
Les femmes, la mère Dolors (Anna Otín), la fille Mariona (Xènia Roset) qui chante et danse La Patrona avec ses copines, essaient de tenir le coup face aux tensions familiales en ce moment de transition. Il est important de rester unis pour cette dernière récolte mais chacun a ses raisons, chacun essaie de trouver sa place dans ce monde en pleine mutation. Tourné avec des acteurs non professionnels, Nos soleils estun petit bijou. On connaissait déjà le regard tendre que porte Carla Simón sur ses personnages et ses acteurs, en particulier les enfants, à travers son précédent long métrage Été 93. Un regard plein d’humanité, de sensibilité, de sensualité qu’on retrouve dans cette chronique familiale, Ours d’or à la dernière Berlinale. Un prix dédié aux « petites familles d’agriculteurs qui cultivent chaque jour leur terre pour remplir nos assiettes. »
ANNIE GAVA
Nos soleils, de Carla Simón En salle le 7 décembre