mercredi 2 octobre 2024
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Yves Klein : derrière les bleus 

L’hôtel de Caumont propose jusqu’au 26 mars l’exposition Yves Klein, intime. L’occasion de se replonger dans les utopies artistiques de cette star de l’avant-garde des années 1960

Avec un titre pareil, Yves Klein, intime, on pourrait imaginer l’exposition de documents inédits, correspondances, photos et films de famille, extrait de journal intime, témoignages de proches, etc… Mais rien de tout cela ! Car, comme l’écrit l’historien de l’art Denys Riout, conseiller scientifique et co-commissaire de ce projet : « Renversant la perspective habituelle, nous demanderons aux œuvres de nous introduire dans l’intimité de l’artiste, de nous convier à entrer en connivence avec lui ». 

Du bleu au feu
On peut rester perplexe devant cette justification de l’exposition, mais constater, par contre, que loin des grands plateaux monotones utilisés pour exposer l’art contemporain aujourd’hui, l’architecture des salles de l’Hôtel de Caumont invite naturellement à une sorte de proximité charmante avec les œuvres d’« Yves le monochrome ». Proximité accentuée par une scénographie ad-hoc, qui par ailleurs rythme l’exposition de très grandes reproductions de photographies de l’artiste niçois. Ce dernier que l’on voit affiché partout, posant avec ses œuvres, ou dans son appartement avec sa femme, ses amis, son chien, donnant petit à petit l’impression qu’on pourrait être, en effet, un peu entré chez lui. Accompagnés par les cartels qui informent sur les six sections de l’exposition, racontant brièvement quelques anecdotes de vie. Sa première passion pour le judo, les relations avec son milieu familial, avec ses amis artistes et « nouveaux réalistes », sa rencontre avec son épouse, les enjeux de ses recherches artistiques et sa dévotion à Sainte Rita… Sont exposées les œuvres auxquelles on s’attend lorsqu’il s’agit d’Yves Klein : ses monochromes. Les fameux bleus, qu’il réalisera avec le pigment IKB qu’il mettra au point et brevètera en 1960, et une série de ses éponges imprégnées de ce même pigment. 

Rayonnement émouvant
Juste après, ses anthropométries, avec un extrait vidéo célèbre le montrant, en mars 1960. Il est en public et en chef d’orchestre, au milieu de ses modèles nus (tous féminins…) qui s’enduisent le corps de peinture, et ensuite, en s’y frottant, imprègnent des toiles disposées sur les murs ou au sol. Plus loin, ses peintures de feu, réalisées au chalumeau sur carton spécial, dont on apprend, par le témoignage de sa jeune épouse filmé en 1966, qu’il s’agissait pour lui d’atteindre la couleur de la peau. Et que, dans sa recherche effrénée de l’immatériel, sa mort précoce (en 1962, à 34 ans d’une crise cardiaque) pourrait être considérée comme une forme d’aboutissement.

L’exposition se conclut par un « Portrait-relief » de l’un de ses proches amis, Claude Pascal, buste moulé recouvert de pigment pur IKB, monté sur un panneau recouvert de feuilles d’or, d’une intensité et d’un rayonnement émouvants. À côté, sur un mur, un exemplaire du « Journal d’un seul jour », celui du dimanche 27 novembre 1960, qu’il avait conçu, et où on le voit, photographie fameuse également, s’envoler d’une fenêtre, tel un Peter Pan, sous le titre « Le peintre de l’espace se jette dans le vide. »

MARC VOIRY

Yves Klein, intime
Jusqu’au 26 mars
Hôtel de Caumont, Aix-en-Provence
caumont-centredart.com
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