mercredi 2 octobre 2024
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« Last Dance » ouvre Music & Cinema

Le film de Delphine Lehericey s’est avéré être un excellent choix en ouverture du festival marseillais

Qu’est-ce qui fait un « bon » film d’ouverture ? C’est d’abord un bon film bien sûr mais c’est aussi une proposition qui rassemble le public, toutes générations et toutes sensibilités confondues, une luciole parmi d’autres dans ce printemps marseillais. Last Dance de Delphine Lehericey, qui malgré son titre ouvrait le bal du festival Music & Cinema Marseille (MCM) au cinéma Artplexe, était un choix parfait ! Le public ne s’y est pas trompé, qui a applaudi longuement la réalisatrice helvète installée en Belgique.

Last Dance est une comédie sur le deuil, la famille, l’amour, l’art qui ne se contente pas de consoler mais transforme et accomplit la vie. Le film commence d’ailleurs par une madeleine proustienne géante et une réflexion du grand écrivain sur le temps vécu et le temps réécrit.

Entrer dans la danse

À 75 ans, Germain, retraité casanier, perd brutalement Lise sa femme qui se préparait avec passion à un spectacle de danse contemporaine. Fidèle à la promesse mutuelle que les vieux amoureux s’étaient faite d’achever ce que l’autre avait entrepris si la mort l’en empêchait, voilà notre septuagénaire déterminé à remplacer Lise à pied (pas trop levé) dans la troupe de la Ribot. Adopté par le groupe des danseurs, il participe avec opiniâtreté aux répétitions quotidiennes, à l’insu de ses enfants qui le surprotègent jusqu’à l’infantilisation cocasse. Sa double vie génère un comique de situation réjouissant et l’apprentissage chorégraphique maladroit qui le libère corps et âme, est proprement bouleversant.

Le film, à la belle écriture, nous épargne les flashes back, joue sur les équilibres fragiles entre rire et larmes, vie et mort. Germain écrit à sa femme défunte comme tous deux le faisaient au début de leur histoire dans un jeu oulipien et romantique. Orphée allait chercher Eurydice aux enfers grâce à sa lyre, Germain par la danse prolonge les désirs de Lise, la conduit encore un peu dans la vie qu’elle aimait pour assumer un deuil commun.

La réalisatrice affirme que la danse contemporaine « permet une utilisation très démocratique du corps. Comme dans le film Ratatouille (2007), où l’on dit que tout le monde peut cuisiner, elle permet à tout le monde de monter sur scène. » On ne sait pas si tout le monde peut monter sur scène mais, dans le rôle de Germain, sous la houlette de la chorégraphe Maria Ribot (Lion d’Or à Venise en 2020 pour l’ensemble de sa carrière) qui joue ici, à merveille, son propre rôle et signe toutes les chorégraphies du film, la performance de François Berléand est remarquable.

Last Dance but not least… le festival MCM déploie sa programmation jusqu’à samedi.

ÉLISE PADOVANI

Le film sera sur les écrans en septembre.
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