Plutôt que de mettre le piano à l’honneur le Festival aixois invitait les quatre musiciens tchèques, qui jouent ensemble depuis 1994, à démontrer leur talent et leur symbiose avec le Quatuor n°12 dit « Américain » de Dvořák. Un choix judicieux ! Le groupe parvient à proposer sa version très personnelle de ce quatuor pourtant si souvent joué, avec des changements de tempi drastiques, assumés, et des variations d’ornementation subtiles. Ils sont aussi fascinants à écouter qu’à voir, aussi impliqués dans le récit fantastique de Dvořák que le public qu’ils entraînent.
Quatuor plus plus
Comment dépasser les frontières du quatuor, formation si particulière et parfaite ? En proposant des quintettes, bien sûr ! C’est au côté de Dominique Vidal que les Zemlinsky jouent le Quintette pour clarinette K581 en la Majeur de Mozart. Pour l’occasion, monsieur Vidal joue sur l’instrument pour lequel le quintette avait été écrit à l’origine : la clarinette de basset, qui descend une tierce plus grave que sa congénère. On peut donc apprécier les basses de cet instrument, autant que de très beaux solos dans les aigus. Le quatuor fait corps comme un seul instrument, dialoguant avec la clarinette pour un interlude classique charmant.
Puis c’est le Quintette pour piano et cordes opus 81 en la majeur de Dvořák, encore, qui clôt le concert après l’entracte. On retrouve l’engouement romantique de la première partie, une intensité sans répit dans un voyage à travers mille paysages tout le long des quatre mouvements. Le deuxième nommé Dumka, ou “méditation”, est sublime : le thème au piano se déploie sous les mains de Philippe Gueit avec profondeur et délicatesse. Le final est une explosion de joie furieuse dans des unissons fous. Výborně !
Julius Lay
Ce concert a eu lieu le 3 août à l’Auditorium Campra, Aix en Provence, dans le cadre des Nuits Pianistiques