mercredi 2 octobre 2024
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Fernando Léon de Aranoa

C’est devant une salle comble que Frédéric Perrin a officiellement ouvert la 22è édition de Cinehorizontes le 10 novembre au cinéma Le Prado.

Et c’est le parrain du Festival Fernando Léon de Aranoa, auquel l’adjoint à la Culture de la Mairie de Marseille, Jean-Marc Coppola, a remis la médaille de la Ville, qui initiait ces rencontres. Avec un inédit – en compétition documentaire : Sintiéndolo Mucho.

Cinéma social

Hors des sentiers battus, comme à l’habitude de ce réalisateur multiprimé, qui  écrit et réalise ses films pour rendre compte du monde, « pour régler des comptes », et pour mettre, en quelque sorte la marge au milieu. Donner visibilité à ceux dont on ne parle pas, aux gens de peu, aux déclassés, « par admiration » « pour transmettre la dignité de la personne », comme l’écrivait Steinbeck, dans son discours de néo nobélisé en 62.

Cinéma social dans le sillage de la comédie italienne des années 70 plus que dans celui de Ken Loach ou des Dardenne. Barrio, Princesas, Amador, Loving Pablo, El buen patrón , Les Lundis au soleil  et A Perfect Day (ces deux derniers programmés dans la mini-rétrospective consacrée au cinéaste) : il y a sans contexte un « ton » dans cette œuvre. Un cocktail d’indignation, de causticité, de bienveillance, de curiosité et surtout d’humour. L’humour, devenant à la fois un outil pour distancer son sujet et s’en approcher.

Portrait d’artiste

Sintiéndolo Mucho ne traite pas d’un déclassé puisque le réalisateur y fait le portrait d’un des auteurs-compositeurs poètes les plus connus en Espagne : Joaqím Sabina. Mais le poète et le réalisateur ne sont  pas amis pour rien : ils partagent un esprit rebelle, le goût de l’écriture, du beau, et de l’autodérision. C’est un film qui ressemble à Joaqím et à Fernando.

Ce dernier, qui dans sa Master Class du 11 novembre aux Variétés,  disait jalouser les arts qui ne nécessitent pas un temps de création aussi long que le cinéma, a tourné ce documentaire sur 13 ans! créant ses propres archives, faisant côtoyer le Joaqím plus jeune, à la voix moins éraillée et le septuagénaire  qui chantera à la dernière image : « Pour faire le point sur ma vie et finir cette chanson/Et au lieu de verser du sel et du vinaigre dans les blessures/ je mordrai à nouveau la balle… »  Un sacré bonhomme que Fernando accompagne dans ses tournées, en coulisses, en studio, chez lui, à Ubeda, son village natal, dans la rue assailli par ses fans, en voiture, à la corrida et jusqu’à l’ambulance qui l’emmène à l’hôpital après sa chute à Madrid pendant un concert. Il filme le trac, le moment où le chanteur met son chapeau melon – en hommage au cinéma muet et entre sur scène et dans son rôle. Il montre le travail pour chercher la bonne rime, le bon son. Et fait entendre les rires sonores ponctuant ses punchlines. Le réalisateur est tiré du hors champ par son ami et l’interview devient conversation intime. Le film donne voix  à Salina. Rocailleuse, enrouée, puissante et lézardée, elle prend toute la place. Ce sont les textes de ses poèmes qui parlent le mieux de lui.  

ELISE PADOVANI

photo @elisepadovani

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