La saison se poursuit au Théâtre national de Nice, avec une programmation pluridisciplinaire et dans l’air du temps. On y retrouve des créations pour le moins intéressantes, parmi lesquelles Guru, un opéra mis en scène par sa directrice Murielle Mayette-Holtz. Composée par Laurent Petitgirard sur un livret de Xavier Maurel, cette œuvre aborde le phénomène des dérives sectaires en s’inspirant librement de la tragédie de Jonestown, un suicide collectif qui fit fait pas moins de 908 victimes. Exceptionnel par son sujet et l’engagement dont il témoigne, cet opéra était une commande du ministère de la Culture et de la communication qui n’a jamais été monté en France, l’Opéra de Nice en ayant notamment annulé – ou sabordé – la production en 2010. C’est pourtant bien avec l’Opéra National de Nice, ainsi que l’Orchestre philarmonique de la ville, qu’est co-produite cette création. Trois représentations de ce spectacle ont lieu les 20, 21 et 23 février dans la salle de la Cuisine, et sont précédées, la veille de la première, de deux conférences gratuites. D’abord, un face-à-face entre le public et les artistes, comme l’Opéra a l’habitude d’organiser, puis une rencontre organisée par le TNN et l’Académie des Beaux-Arts sur le thème « manipulation mentale et dérives sectaires » en compagnie de l’équipe artistique, de chercheurs et de spécialistes tels que l’ancien directeur de la Miviludes, Georges Fenech.
Trajectoires communes
En janvier et février se tient le festival Trajectoires du Forum Jacques Prévert de Carros. Comme il a pris l’habitude de le faire depuis 2022 et l’ouverture du festival à une envergure départementale, le TNN accueillera plusieurs spectacles de cette programmation pluridisciplinaire dont l’objectif est d’interroger la société au travers de parcours de vie singuliers. L’occasion pour le Centre dramatique national de mettre en avant ses talents, avec Célestez-moi, Les Enfants des Nineties (25 et 26 janvier) de Stephen Di Tordo, coproduction créée pour l’occasion au TNN, et Frida Kahlo, ma réalité (1er et 2 février), seule en scène de Bénédicte Allard, comédienne de la troupe du théâtre. Vole ! T’es toi ! Va aimer !, les trois spectacles du triptyque d’Eva Rami sur la découverte de soi et l’émancipation, seront également présentés les 6, 7 et 8 février sur le plateau de la salle des Franciscains.
Magie, encore !
On retrouve du 22 au 27 avril la deuxième édition du festival de magie annuel du TNN. Contrairement à l’année dernière, les places pour les trois spectacles proposés, ainsi que celles pour le Gala de clôture, ne sont pas gratuites mais à un prix unique (10 euros) qui, selon le Théâtre, devrait rester abordable pour un maximum de spectateurs. Les activités et attractions organisées autour du festival, comme les cabines à tours automatiques ou l’atelier de magie du 27 avril, restent gratuites.
Les spectacles programmés pour le festival croisent les disciplines et abordent des sujets parfois sérieux, plutôt inattendus dans un tel contexte. Ainsi, Doublon de Marc Rigaud enchantera le public avec une conférence sur les mystères de la gémellité (22 et 23 avril), et l’illusionniste Yann Frisch s’intéressera au statut absolument tragique du clown, condamné à ne jamais être pris au sérieux, dans Le syndrome de Cassandre co-écrit par Raphaël Navarro (23 et 24 avril). Avant le grand gala de clôture, petit détour par l’univers burlesque d’Etienne Saglio, avec Goupil & Kosmao, ou les aventures d’un magicien (Antoine Terrieux) et de son marionnettique assistant.
La parité entre les artistes femmes et hommes, parfaitement respectée par le TNN dans sa programmation générale, n’est malheureusement pas appliquée pour le festival. On ne compte même qu’une seule femme, Claire Chastel, qui met en scène Doublon. Cette absence de parité est encore la norme dans nombre de festivals de magie, les hommes restant très majoritaire dans cette pratique. L’espoir de voir plus de femmes à l’affiche reste par ailleurs permis, la programmation du Gala de clôture n’étant pas encore annoncée. Elle devrait être disponible sur le site du Théâtre avant le début du mois de mars.
CHLOÉ MACAIRE
Théâtre national de Nice
tnn.fr