samedi 28 septembre 2024
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L’adieu à la rockeuse du désert

Un débat, un film et un concert… Le Théâtre de l’Œuvre a rendu hommage à Hasna el Becharia, incroyable musicienne gnaoua

Il fallait bien trois formats – conférence, film et concert – pour tenter d’appréhender toute la richesse de la grande musicienne algérienne Hasna El Becharia. Née Hosni Hasniat, elle est décédée  le 1er mai 2024 à Béchar, sa ville natale, située dans le Sahara algérien, proche de la frontière marocaine. Elle avait 73 ans. Les deux compères journalistes et explorateurs musicaux Baba Squaaly et Professeur Babacar ont lancé la soirée avec une conférence sur cette pionnière de la musique diwan, celle des gnaouas d’Algérie, inspirée de traditions profanes et sacrées héritées des anciens esclaves noirs subsahariens. Hasna fut la première femme à jouer du guembri, un luth réservé aux hommes. Son père Salem, maître de cérémonie excellait dans cet instrument strictement réservé aux hommes. Fascinée, la petite Hasna, se bricole un guembri et apprend à jouer, cachée sur la terrasse. Elle sera aussi la première femme algérienne à s’emparer de la guitare électrique. Elle en joue dans les mariages, parce qu’elle ne supportait pas qu’on ne l’écoute pas lorsqu’elle jouait du oud. 

Sa notoriété traverse le désert et en 1999, elle est invitée à se produire au Cabaret sauvage à Paris dans le cadre d’une soirée dédiée aux musiciennes algérienne. C’est une révélation. Un disque sera produit, puis un deuxième. Décidée à rester en France, elle se heurte à des mentalités bien loin de l’esprit de solidarité et d’hospitalité qui prévaut dans sa communauté. Elle rentre en Algérie. La réalisatrice Sara Nacer suit son périple dans le très joli film présenté au public : La rockeuse du désert où l’on découvre une Hasna drôle, facétieuse et généreuse. Elle accueille chez elle des femmes répudiées par leur mari, devient un modèle d’émancipation pour la jeune génération et continuera à jouer jusqu’à sa mort. Mais déjà résonne le son des tambours car quoi de mieux pour célébrer une musicienne que d’interpréter ses morceaux ? Kader Denednia Hassan Boukerou, Amine Boukra, Jamel Reffes et Sylvie Aniorte-Paz s’en sont donné à cœur joie devant une salle qui danse et fait résonner les youyous.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Soirée hommage donnée le 20 septembre au Théâtre de l’Œuvre, Marseille. 
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