L’inauguration de l’exposition s’est déroulée le 7 décembre en présence du directeur de l’Opéra Maurice Xiberras, d’Olivier Muth, directeur des archives, d’Isabelle Aillaud, commissaire d’exposition et de Jean-Marc Coppola, adjoint au maire en charge de la culture. Ce dernier s’est d’abord félicité du concert « grandiose » donné à l’Opéra le 3 décembre pour l’anniversaire de l’institution. Celui-ci a dressé un rapide historique du grand théâtre, victime d’un incendie le 13 novembre 1919, à l’issue d’une répétition de L’Africaine de Giacomo Meyerbeer, ne laissant subsister que les structures extérieures. C’est l’histoire de cette reconstruction sous la direction de l’architecte Gaston Castel, que présente la première salle de l’exposition. Celui-ci va imaginer un opéra à l’italienne avec une machinerie située dans les toitures et un aménagement sans piliers centraux afin de ne pas gêner la vision des spectateurs. Le nouvel opéra sera inauguré le 3 décembre 1924 en présence du sénateur-maire socialiste Siméon Flaissières avec une représentation du Sigurd d’Ernest Reyer.
La deuxième salle est consacrée aux spectacles qui ont marqué la scène comme ceux montées sous la direction de Louis Ducreux dans les années 1960 : programmes, photos dédicacées, tableaux feront le bonheur des passionnés d’art lyrique tout comme les robes somptueuses ayant été portées par certaines divas comme Régina Rizviek dans Carmen en 1962 et dont Bernard Buffet a signé les décors ou ceux de Tannhauser de Wagner de 1971.
Un spectacle idoine
L’après-midi s’est enchaînée avec une représentation de la compagnie de l’Ajmer : Offenser la mort – un théâtre des années folles (Marseille 1919-1929). La troupe de Franck Dimech, au mieux de sa forme dans un spectacle drôle, loufoque et poignant, retrace les samedis soirs d’un cabaret durant les années qui ont suivi la première guerre mondiale. Après la boucherie, le carnage, il s’agit de faire un pied de nez à la mort. Sur cette scène populaire, ubuesque et souvent poétique, on croise Miss Maud, dompteuse de lions et de mâles qui joue de l’accordéon en chantant Mon homme de Mistinguett, Nedjima, liseuse de pensées hallucinée, le pétomane Jacky Norman dans son show le train sifflera quatre fois, Barbette le travesti dépressif. On rit et on pleure devant la splendeur et la misère des bas-fonds du « quartier réservé » sur lequel règnent les nervis tandis que les garçonnes et les dandys investissent la rue Paradis. Sur l’air de Lili Marleen et de Sombre dimanche, on entrevoit que cette ivresse de vie interlope et gouailleuse va bientôt voler en éclats.
ANNE-MARIE THOMAZEAU
L’Opéra de Marseille, une première ! (1924-2024)
Jusqu’au 26 avril
Archives municipales de Marseille