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À Avignon, une Bohème toute en pudeur

Créée en 2019 à Confluences en pleins travaux de la maison mère, La Bohème mise en scène par Frédéric Roels connaît à Avignon une véritable renaissance. Conçue alors en collaboration avec la regrettée Claire Servais, dont il fut l’assistant, cette lecture sobre, proche du texte et de ses enjeux nous revient cette saison. Frédéric Roels, nommé entretemps directeur d’Opéra Grand Avignon, est assisté par Nathalie Gendrot sur ce projet remonté en coproduction avec l’Opéra in Balet Ljubljana. Un projet de grande ampleur, porté par un orchestre remarquable de bout en bout. Sous la direction de Federico Santi, l’Orchestre national Avignon-Provence est à la fois d’une précision et d’une expansivité remarquables, à l’écoute de ses solistes et fort d’une identité marquante sur des pages et thèmes pourtant archiconnus de tout l’auditoire. Un sans-faute soutenu par la très belle prestation du Choeur et de la Maîtrise de l’Opéra Grand Avignon, dirigés respectivement par Alan Woodbridge et Florence Goyon-Pogemberg.

Dans la justesse

C’est pourtant loin de tout superlatif que cette vision du célèbre opus de Puccini se construit. Les duos entre la superbe Mimi de Gabrielle Philiponet et la voix fougueuse du Rodolfo de Diego Godoy sont en effet vocalement éclatants, mais mâtinés scéniquement d’une pudeur et d’une mélancolie présentes dès le premier acte. La mise en scène ne sacrifie ni la pauvreté apparente des personnages, ni leur chaleureuse complicité, portée par l’espoir de lendemains meilleurs. L’amitié tangible entre le philosophe Colline – sépulcral Dmitrii Grigorev – et les solides barytons qui l’accompagnent – Geoffroy Salvas en Marcello, Mikhael Piccone en Schaunard – offre un contrepoint charmant et pertinent aux atermoiements de Rodolfo. Façette usuellement moins tragique de l’opéra, la Musetta impeccable de Charlotte Bonnet sait aussi se faire émouvant petit soldat dans l’acte final, lors d’une scène de mort bouleversante de pudeur et de dénuement.   

SUZANNE CANESSA

Spectacle donné les 28 février, 2 et 4 mars, à l’Opéra Grand Avignon.

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Suzanne Canessa
Suzanne Canessa
Docteure en littérature comparée, passionnée de langues, Suzanne a consacré sa thèse de doctorat à Jean-Sébastien Bach. Elle enseigne le français, la littérature et l’histoire de l’Opéra à l’Institute for American Universities et à Sciences Po Aix. Collaboratrice régulière du journal Zébuline, elle publie dans les rubriques Musiques, Livres, Cinéma, Spectacle vivant et Arts Visuels.
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