Une saison aux Salins sait apporter son lot de moments exceptionnels, et Infamous Offspring,donné ce 4 mars, en fait partie. Le public ne s’est d’ailleurs pas trompé, venu nombreux pour saluer la dernière création du chorégraphe belge Wim Vandekeybus, qui explore les récits de la mythologie grecque.
Infamous offspring, que l’on pourrait traduire par « une descendance tristement célèbre », s’ouvre sur la figure d’Héphaïstos, le dieu forgeron infirme. Il est incarné par une contorsionniste écossaise à l’accent rocailleux, qui se tord sur le plateau tout en inventant un langage, à la fois physique, plastique et auditif. Autour d’elle, ses frères et sœurs divins, Artémis, Apollon, Hermès, Arès, Athéna, Dionysos et Aphrodite, objet de toutes les convoitises, se mettent en mouvement.
Zeus, Héra, même combat
Ces divinités sont interprétées par des danseur·ses à l’énergie prodigieuse, créant une réécriture moderne et sensuelle des mythes antiques. La chorégraphie impressionne, avec des interprètes qui parviennent à se rattraper en plein vol, et des portés presque surnaturels. Toute cette descendance divine, cruelle, lubrique et criminelle s’agite sous le regard vertical de leurs illustres parents, Zeus et Héra. Le couple royal n’apparait que sur écran, tels des parents lointains et inaccessibles qui se désolent des avatars de leur progéniture.
Zeus, agresseur sexuel notoire, n’a d’ailleurs rien à envier à ses rejetons. Héra se montre pareillement insensible aux malheurs des humains. Sur un deuxième écran, le danseur de flamenco Israël Galván incarne Tirésias, le devin aveugle qui guida en son temps Ulysse aux enfers, et communique ses prophéties uniquement par le langage corporel. Après une bonne heure de chorégraphies survoltées, les jeunes interprètes se posent à l’avant-scène tandis que Hébé, échanson des dieux, leur sert à boire avant de conclure avec Tirésias cette épopée flamboyante.
ISABELLE RAINALDI
Spectacle donné le 4 mars aux Salins, Scène nationale de Martigues.
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