Pour cette 22e édition du festival Mars en Baroque, les instruments sont mis à l’honneur. Car si on connait surtout la période baroque comme celle ayant inventé l’opéra, on sait moins qu’elle a connu une autre révolution : l’émancipation de la musique instrumentale. Cette dernière s’est dotée d’un immense répertoire de sonates, de concertos et de champs sonores nouveaux. L’Harmonie Céleste dont la polyphonie vocale de la Renaissance devait être le reflet, céda le pas à l’Harmonia Instrumentalis.
Ouverture des festivités le 13 septembre à l’église Saint-Nicolas-de-Myre (Marseille, 6e). Les Passions, orchestre baroque de Montauban, nous emmènent dans l’ univers de Vivaldi, Telemann et Boismortier, trois compositeurs parmi les plus populaires de l’époque. Violon, flûte, hautbois, basson, violoncelle et clavecin dialogueront avec humour et charme. Même lieu le 14 septembre pour une soirée de suites pour violoncelle seul interprétées par Christophe Coin qui s’annonce d’exception. Le violoncelle à l’époque baroque est d’invention récente. Il n’a pas encore supplanté la viole. Trois compositeurs vont le mettre sur le devant de la scène : Johann-Sebastian Bach, Domenico Gabrieli et Joseph-Marie-Clément dall’ Abaco. Le 10 octobre le concert Harmonia instrumentalis (salle Musicatreize) nous emporte à la découverte de la polyphonie instrumentale germanique du XVIIe siècle. Grâce à l’ensemble Clematis, c’est une occasion unique de découvrir un répertoire rare dans lequel les compositeurs, sans la contrainte d’une commande, laissent libre cours à leur imagination. Liberté totale également avec la carte blanche au célèbre claveciniste Pierre Hantaï (12 octobre salle Musicatreize) qui nous régalera d’œuvres de ses compositeurs préférés Johann-Sebastian Bach et Domenico Scarlatti.
650e anniversaire
Le festival nous réserve bien d’autres moments intenses dans lesquels la voix n’est pas oubliée. Le 22 septembre au Temple Grignan, nous passerons une heure avec Couperin grâce à trois jeunes artistes marseillais nous invitent à partager un moment avec le plus célèbre claveciniste français, qui fut aussi un organiste génial. Loin de l’image galante et légère que reflète nombre de ses pièces, nous allons découvrir les œuvres les plus grandioses de l’organiste : le Huitième Ordre en si mineur avec sa longue Passacaille, des extraits de la Messe des Paroisses et enfin, illuminées par la voix de Gabrielle Varbetian, les deux Leçons des Ténèbres du Mercredy Saint pour voix seule, chef-d’œuvre de la musique vocale du compositeur.
C’est un hommage à Pétrarque que nous proposent Romain Bockler et Jean-Marc Aymes,les deux directeurs artistiques du festival, à l’occasion du 650e anniversaire de sa mort. La poésie de Pétrarque connut un grand succès auprès des musiciens du XVIe siècle, engouement qui se perpétua jusqu’au début du XVIIe. C’est cette période charnière entre « style antique » et « style moderne » que l’ensemble Concerto Soave nous invite à découvrir.
La création sera bien présente également (22 septembre Théâtre de l’Œuvre). Fin 2020, Loïc Guénin invite la violoniste Alice Pierot pour une résidence, à l’initiative de l’Espace Culturel de Chaillol. Les deux artistes décident de travailler sur cette année si singulière. La Trotteuse est née de cette volonté de donner à entendre les émotions suscitées par la traversée de cette crise. Création encore avec Paysages composés de Martin Mey quia emmené en balade les membres du Minimum Ensemble ainsi que la violoniste Christelle Lassort, pour composer ensemble des morceaux issus de sentiments musicaux partagés.
ANNE-MARIE THOMAZEAU
Mars en Baroque
Du 13 septembre au 13 octobre
Divers lieux, Marseille
marsenbaroque.com