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Baroque napolitain avec Emmanuelle Haïm

Sous la direction d’Emmanuelle Haïm, Le Concert d’Astrée a plongé le public aixois dans l’âge d’or du baroque italien, mêlant œuvres de Durante, Scarlatti, Leo, Locatelli et Pergolèse

Après Paris et Londres, Naples s’impose au XVIIIe siècle comme une capitale musicale incontournable. Ses conservatoires attirent les jeunes talents de toute l’Italie, façonnant la tradition baroque qui allait rayonner en Europe. C’est ce voyage dans le temps que nous a proposé le Concert d’Astrée, sous la direction d’Emmanuelle Haïm, avec la soprano Emőke Baráth et le contre-ténor Carlo Vistoli.

La soirée s’est ouverte avec le Concerto à 4 pour cordes N°5 en la majeur de Francesco Durante dans lequel la virtuosité instrumentale se déploie dans un équilibre parfait entre Presto, Largo et Allegro. Le programme se poursuit avec le Salve Regina pour alto et cordes en la majeur de Domenico Scarlatti. L’élégance, le phrasé délicat, et la subtilité du Contre-ténor italien Carlo Vistoli séduisent, même si l’acoustique sans réverbération du Grand Théâtre de Provence se révèle peu favorable aux solos d’œuvres sacrés. L’ensemble instrumental, un peu trop fort, écrase -et c’est dommage- les notes graves de cet artiste d’exception. 

C’est au tour d’Emóke Baráth de monter sur scène pour interpréter le Salve Regina pour soprano et cordes en fa majeur de Leonardo Leo. Le choix de Baráth, au timbre charnu et corsé mais aux aigus, oh combien chatoyants, s’avère particulièrement judicieux dans cette pièce aux accents opératiques et aux éclats lyriques. 

Pergolèse immortel

Après l’entracte, Pietro Antonio Locatelli nous entraîne dans une atmosphère plus sombre avec sa Sinfonia funèbre en Fa mineur, prélude idéal à l’apothéose de la soirée : le Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolèse, monument de la musique baroque. 

On aurait pu craindre que la voix de Vistoli soit éclipsée par la puissance de Barath. Il n’en est rien. L’équilibre et la connexion dans les duos sont parfaites en particulier dans le Sancta mater, istud agas de toute beauté.Le contre-ténor excelle dans le très technique Quae moerabat et Barath est spécialement convaincante dans son interprétation du Vidit suum dulcem natum exprimant la souffrance et l’affliction. Depuis l’orgue, Emmanuelle Haïm dirige son ensemble qui, s’il paraît bien sage aux aficionados d’un baroque flamboyant, révéle toute la clarté et la structure -et probablement la justesse historique- de cette œuvre. L’émotion est là, mais toujours contenue, retenue, pudique. Le contraste entre un Quando corpus morietur à tempo lent et l’éclatant Amen fait cependant vibrer, en apothéose, la dimension dramatique et spirituelle de l’œuvre.

Lors du bis, le public quitte Naples avec deux duos du maître Haendel : le premier, tiré de La Résurrection et composé à Rome, le second, extrait d’Esther et écrit à Londres. Ils rappellent combien la circulation des artistes et des œuvres en Europe a nourri la richesse du baroque. 

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le Concert s’est déroulé le 22 novembre au Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence.

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