Après Fanny Soriano en 2023 [Lire ici], la Biac met une nouvelle artiste féminine à l’honneur. Une manière de plonger dans l’univers artistique d’une metteuse en scène à travers une partie de son répertoire, soit ici quatre pièces retraçant quasiment une décennie de créations. En filigrane chez Raphaëlle Boitel, une obsession : dire nos maux par le corps, dans des univers léchés offrant toute sa place à l’aérien. Depuis 2012, les pièces de sa compagnies L’Oublié(e) manient le tragicomique pour dire la condition humaine. Tout est déjà là dès 2018 avec La Chute des Anges, une dystopie railleuse dans laquelle un groupe d’humains se voit malmené par les machines (du 15 au 17 janvier, La Criée, Marseille ; 1er et 2 février, Le Liberté, Toulon [Lire ici]). C’est la même puissance cinématographique, sur un plateau baigné de clair-obscur, qui nimbe le majestueux Ombres Portées, créé en 2021. La pièce s’articule autour d’une famille soudée par un secret, qui voit ses membres basculer un à un (23 janvier, La Passerelle, Gap ; 28 et 29 janvier, Théâtre Durance, Château-Arnoux Saint-Auban).
Unité de ton
L’introspection gagne en intimité – et en intensité – avec un récent diptyque composé de deux formes courtes, portraits successifs de deux jeunes circassiennes se racontant par leur discipline. Solo de la contorsionniste Vassiliki Rossillion, La bête noire met en scène les luttes d’une femme contre ses démons internes, autour d’un agrès d’une inventivité folle, symbolisant une colonne et ses 24 vertèbres ; avec Petite Reine, c’est le vélo acrobatique qui trône sur le plateau, accompagnant le texte loufoque par lequel Fleuriane Cornet nous conte le récit de sa propre chute (du 15 au 18 janvier, Théâtre National de Nice ; du 24 au 26 janvier, Théâtre Joliette, Marseille). La puissance expressive de son travail, Raphaëlle Boitel la doit aussi à la cohésion de son équipe, soudée depuis les débuts ; notamment à la sculpture ciselée sur la lumière opérée par son scénographe Tristan Baudoin, qui confère singularité et unité de ton au répertoire de l’artiste.
JULIE BORDENAVE
Le Prado, terre de chapiteaux
Le village chapiteaux du Prado, c’est l’incontournable de la Biac. En face des flots, les toiles dardent leurs mâts vers les cieux azurs pour abriter des propositions éclectiques, à destination de publics variés : jusqu’en février, six spectacles se succèderont, au fil de 42 représentations. Coup d’envoi le 16 janvier avec les trublions de NoFit State Circus – déjà accueillis en 2019 avec l’inoubliable Lexicon – mêlant une énergie punk très british à la démesure d’un grand spectacle osant mettre en valeur des corps différents, un bol d’air au milieu de performances parfois normées ! (Sabotage, jusqu’au 8 février). Le 17 janvier, Fanny Molliens poursuit l’exploration de thèmes métaphysiques avec sa récente création Hourvari, une nouvelle émanation du cirque expressionniste de sa compagnie Rasposo (jusqu’au 26 janvier). J.B.
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