lundi 10 mars 2025
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Carton plein pour Émilie Lalande

Créé en 2017, le Pierre et le loup revu et chorégraphié par Émilie Lalande a depuis tracé un joli chemin. Le principe demeure le même face à une salle toujours comble, pour des sessions en scolaire comme pour la séance du mercredi après-midi : les membres du public décident au lever du rideau quels danseurs vont interpréter ces rôles qu’ils connaissent sur le bout des doigts – ou plutôt des oreilles !

Ce mercredi 26 février, Anaïs Pensé endosse les – quelques – plumes de l’Oiseau. Baptiste Martinez sort les griffes pour se glisser dans les pattes du chat. Audrey Lièvremont chausse, quant à elle, de belles palmes de plongée et un air invariablement nigaud pour donner corps à un canard si attachant ; Jean-Charles Jousni bombe le torse pour incarner un Pierre au courage inaltérable ; Marius Delcourt courbe son dos et tremble du mollet, car le grand-père semble ici plus âgé que jamais. Et Jérémy Kouyoumdjian prête enfin ses traits au chasseur et au loup – ne sont-ils au fond pas les deux faces d’une même pièce ? 

Un tube pour la jeunesse

L’ouverture laisse le temps aux jeunes spectateurs de peser le pour et le contre, et aux interprètes d’essayer leurs costumes. Mais on peinera, une fois le spectacle commencé, à imaginer une distribution moins idéale. C’est que les interprètes se révèlent particulièrement investis physiquement dans une chorégraphie maline, grâcieuse et symboliquement riche, mais également théâtralement dans la caractérisation volontairement outrée de leurs personnages. 

Dans le rôle de la narratrice, Émilie Lalande rappelle la finesse et la précision de sa gestuelle, elle qui fut il y a quelques années une grande interprète du Ballet Preljocaj. L’influence du chorégraphe est tangible mais jamais écrasante, d’autant que l’humour mais également la plasticité bricolée de l’artiste, également présente aux décors et costumes, insuffle une forte identité au tout. Un inratable du spectacle jeunesse, applaudi à tout rompre par des enfants fascinés et émus. 

SUZANNE CANESSA

Spectacle donné les 3 et 4 mars au Pavillon Noir, Aix-en-Provence.

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Suzanne Canessa
Suzanne Canessa
Docteure en littérature comparée, passionnée de langues, Suzanne a consacré sa thèse de doctorat à Jean-Sébastien Bach. Elle enseigne le français, la littérature et l’histoire de l’Opéra à l’Institute for American Universities et à Sciences Po Aix. Collaboratrice régulière du journal Zébuline, elle publie dans les rubriques Musiques, Livres, Cinéma, Spectacle vivant et Arts Visuels.
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